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Jeudi,  7 novembre 2024   20:35
Les 3 événements qui ont marqué 2014

Nous consacrerons, au cours des prochains jours, trois articles aux évènements qui ont marqué l’année 2014. Aujourd’hui, nous entamons la série avec la déconfiture de Voyages Plein Sud, qui est, à ce jour, la fermeture qui a coûté le plus cher au Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyages (FICAV) depuis sa création en 2004.

Survenue le 20 février 2014, la fermeture de Voyages Plein Sud, de St-Hyacinthe, et de sa division Groupes Voyages, a entraîné des déboursés de 1 792 203 $ à même le Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyages (FICAV). C’est aussi une des déconfitures qui aura fait couler le plus d’encre, dans l’industrie, non seulement à cause de l’ampleur des pertes financières encourues, mais aussi en raison de la personnalité controversée de son président, Philippe Gervais, qui avait la réputation de mener un train de vie princier.

Selon les derniers chiffres obtenus, la ponction de 1,8 million $ dans les réserves du FICAV aura permis de dédommager, rapatrier ou faire voyager 3 403 clients de Voyages Plein Sud et de sa division «grossiste» Groupes Vacances. La seconde fermeture la plus coûteuse de l’histoire du FICAV a été celle de Voyages Budget, une agence de Québec qui a rendu son permis en 2010, ce qui a entraîné des déboursés de 948 791 $ à même les fonds du FICAV.

Troisième sur la liste des fermetures les plus onéreuses, celle de Vacances Maestro, le voyagiste de Québec qui a défrayé la chronique en 2007, n’aura coûté «que» 742 716 $. À peu près au même niveau (735 000 $, selon les derniers chiffres disponibles), Club Voyages Langelier et l’affaire Manon Hubert occupaient le quatrième rang. Même si les clients de cette dame accusée de fraude n’avaient pas contribué au Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyages, l’OPC a décidé de les dédommager malgré tout.

Ces chiffres tendent à démontrer que, contrairement aux attentes, les détaillants qui font naufrage causent plus de dégâts financiers que les krachs de grossistes. Du moins en ce qui concerne le FICAV. Il est vrai que ces chiffres ne reflètent qu’un des volets de la réalité, dans la mesure où une bonne partie de la facture est refilée aux compagnies de cartes de crédit.

Un train de vie princier?

Philippe Gervais

C’est parce qu’il manquait de fonds pour payer les fournisseurs que Philippe Gervais, propriétaire de Voyages Plein Sud et de sa division Groupe Vacances, a avisé l’OPC qu’il cessait ses activités et rendait son permis d’agent de voyages. Le même jour, André Derome, président délégué de l’OPC nommait un administrateur provisoire de la firme Raymond Chabot.

Dans l’industrie, les commentaires sur l’affaire ont largement débordé sur le terrain des ragots de type «people». Ainsi, on a reproché à Philippe Gervais d’avoir mené un train de vie princier, lors de ses séjours à Dubaï. Dans une entrevue qu’il nous accordait en avril, il accueillait ce reproche en ces termes : «Oui, j’avais un excellent train de vie à Dubaï, mais, à ce que je sache, on a le droit de dépenser l’argent qu’on gagne honnêtement. Et les apparence de «gros train de vie» que certains me reprochent tenaient aussi au fait que je mangeais dans des hôtels de luxe avec les groupes de clients et que je ne payais pas, puisque je bénéficiais d’une des gratuités accordées aux accompagnateurs. Ceci dit, vivre à Dubaï est un luxe en soi.»

Philippe Gervais expliquait la déconfiture de Voyages Plein Sud par une accumulation de facteurs défavorables qui ont compromis le déroulement de la dernière saison. «Cela faisait six ans que Voyages Plein Sud commercialisait Dubaï avec succès», rappelait-il. «Au cours des cinq premières années, nous sommes passés de 37 à 1600 clients. Je travaillais à risque et tout allait bien jusqu’à l’an dernier, mais cette année, nous avons été victimes d’un concours de circonstances. D’abord au niveau de l’offre. L’année précédente, quatre navires effectuaient des croisières dans les Émirats au départ de Dubaï : un de MSC, un de Royal Caribbean et deux de Costa. MSC et Royal Caribbean sont partis et Costa a retiré un de ses paquebots, ne laissant que le Costa Fortuna. Comme la demande excédait l’offre, la compagnie s’est montrée beaucoup moins flexible en haussant ses exigences en matière de garanties. Entre les cabines et les prestations terrestres, nous avions engagé 1,7 million $ non remboursable pour la saison actuellement en cours. Ajoutez à cela la dépréciation du dollar canadien, la hausse des taxes locale imposée pour financer l’Exposition Universelle de 2020 et vous aurez complété l’équation. L’an dernier, nous obtenions 3,80 dirhams pour 1 $. Cette année, nous n’en obtenions plus que 3,20. Une chute de 19%! En outre, la demande n’a pas été à la hauteur de nos attentes et nous croyons notamment que le débat sur la Charte des valeurs a alimenté des craintes à l’égard des destinations du monde arabe. Alors que tous nos départs affichaient complet plus de 10 semaines d’avance jusqu’à l’an dernier, cette année, nous n’avions vendu que 1200 sièges à la date charnière et nous nous sommes retrouvés avec un déficit de plus de 700 000 $. Trois quarts de million de dollar engagés en dépôts non remboursables! Pour tenter de sauver les meubles, nous avons commencé à faire des liquidations à la fin du mois de novembre. Nous avons liquidé sur Groupon, sur Tuango et par le canal d’autres agences, en vendant des forfaits à 1 300 $, soit entre 300 $ et 400 $ de moins que le prix coûtant. C’est ça qui explique le fait que nous sommes arrivés au bout de nos ressources financières et que nous avons dû remettre le permis de Voyages Plein Sud.»

Caroline Lavictoire et Patrick Corriveau lors du lancement officiel de GoDubaïTout le monde vend Dubaï

Grâce à des prix imbattables et une politique de mise en marché agressive, Plein Sud et sa filiale Groupes Voyages, s’étaient retrouvés en situation de quasi-monopole sur les voyages aux Émirats Arabes Unis. Dès la fermeture de l’agence, les candidats à la succession se sont bousculés au portillon.

À commencer par Voyages Fontainebleau, de Blainville, propriété de Caroline Lavictoire, qui a embauché l’ancien directeur commercial de Plein Sud, Patrick Corriveau, pour diriger une nouvelle division lancée sous le nom de Go Dubaï.

 Lancée en avril, GoDubaï commercialise des produits très similaires à ceux de Plein Sud, soit les Émirats et, sous le nom de Groupes Fontainebleau, des croisières en mer Baltique, des croisières fluviales et des circuits au Kenya.

Philippe Gervais a, un temps, agit comme conseiller pour ces nouvelles divisions, mais quelques semaines plus tard, on apprenait qu’il ne faisait plus partie de l’équipe. Aux dernières nouvelles, il agissait comme conseiller pour une agence de la Montérégie qui, n’en doutons pas, publicisera très certainement des programmes pour Dubaï, ces prochains mois.

D’ailleurs, depuis, Sultana Tours, qui avait mis ses programmes en hibernation, les a réactivés et le nombre de grossistes et agences publicisant leurs propres forfaits et circuits dans cette destination phare du Moyen-Orient augmente de jour en jour : Unika Tours, nouvelle division «grossiste» de Voyages Mont-St-Hilaire, Incursion Voyages, Voyages Louise Drouin, de Drummondville, Tours Cure-Vac, Croisières Franco-Fun, Traditours, Uniktour… 

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