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Samedi,  7 septembre 2024   10:39
Nos hommages à un grand pionnier de l’industrie: Colin Hunter, fondateur de Sunwing
Colin Hunter. [Pax Global Media]

Les prestations musicales du crooner Colin Hunter lui valent régulièrement des tonnerres d’applaudissements. Mais son éclatant parcours à titre de pionnier de l’industrie en mérite tout autant !

À maintenant 84 ans, au vu de tout ce qu’il a accompli, on pourrait supposer que le fondateur du Groupe Sunwing (désormais sous le parapluie de WestJet) entend ralentir la cadence. Mais ce serait bien mal le connaître !

Dans ce tête-à-tête exclusif, PAX s'entretient celui qu’on a parfois surnommé le « président-crooner », pour qu’il nous relate son parcours et pour lui rendre hommage.

Boxeur ?!

Colin Hunter est né en 1939 à Bombay (aujourd’hui Mumbai) en Inde. Peu de gens le savent, mais dans sa jeunesse, le futur homme d’affaires et chanteur s’est d’abord illustré en tant que… boxeur !

En effet, il a été capitaine de l'équipe de boxe de la Cathedral Boys' School, puis capitaine de l'équipe universitaire du St. Xavier's College. Il a même remporté le championnat dans sa catégorie de poids pendant trois années consécutives, à partir de 1956 !


Les Beatles, puis Cupidon

La famille Hunter a quitté l’Inde pour s’installer en Angleterre dans les années 60. Colin Hunter y a vécu pendant dix ans – « les années des Beatles ! » se souvient-il.

Travaillant pour le centre de contrôle de British Airways, il rendait régulièrement visite à son frère qui habitait Toronto. Et c’est là, un jour, qu’il a rencontré celle qui allait devenir sa femme, Joan.

Cupidon est donc pour quelque chose dans la décision de Colin Hunter à s’établir au Canada autour de 1970 !


Colin Hunter. [Pax Global Media]


Partir de peu en visant le sommet

Côté boulot : Colin Hunter a d’abord travaillé pour le voyagiste Sunflight Holidays. Au départ, son salaire était bien modeste : 90 $ par semaine – inférieur à celui de sa compagne (qui en gagnait 100 $). « Je l’ai mariée pour son argent », lance-t-il à la blague.

En vérité, Colin Hunter était aussi ambitieux que talentueux, avec un sens inné des affaires. D’agent de réservation, il a gravi les échelons chez Sunflight jusqu’à devenir vice-président, en 1984, de ce spécialiste des séjours tout compris dans les destinations soleil.

De fil en aiguille (sautons quelques étapes !), Colin Hunter et des partenaires ont conclu en 1988 un accord avec la compagnie britannique Air 2000, pour lancer Canada 3000 – une compagnie qui, à son apogée, rivalisa avec Air Canada, WestJet et Transat. 

(La compagnie aérienne finira par fermer ses portes à la suite des attentats du 11 septembre 2001.)

 

« Ne rien faire, ça me rendait fou ! »  

En 1996, à la suite d’un désaccord stratégique, Colin Hunter a toutefois cédé ses parts dans Canada 3000 à ses partenaires…

Ce faisant, il avait désormais les moyens de s’offrir une retraite précoce et plus que confortable. Mais l’oisiveté – même dorée – ne lui convenait pas du tout. « J’ai passé trois ans à ne rien faire et ça me rendait fou ! » relate-t-il.

Apparemment, sa femme trouvait également la situation difficile... « Un jour, elle m’a dit "Tu DOIS retourner travailler"... Et je ne pouvais pas être plus d’accord ! »


« Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise »

Les terribles attentats de septembre 2001 n’ont pas démotivé Colin Hunter. Au contraire : mettant à profit la maxime attribuée à Churchill selon qui « il ne faut jamais gaspiller une bonne crise », il a lancé Vacances Sunwing peu après la catastrophe.

On est rendu en 2002 et le voyagiste fait voyager ses clients sur les ailes de différents transporteurs. Mais Colin Hunter n’a jamais abandonné le rêve de posséder une compagnie aérienne – rêve qu’il chérit depuis ses années chez British Airways. La table est mise pour la création de Sunwing Airlines en 2005 !

Si la compagnie ne dispose à ses débuts que d’un seul appareil, elle croît rapidement, d’abord au Canada anglais, puis au Québec – quand Colin Hunter fait appel à Sam Char pour y développer le marché.


Colin Hunter et Sam Char. [Pax Global Media]


Jouer d’audace

Au fil des années, Sunwing ne cessera de jouer d’audace, sous l’impulsion de son président fondateur, mais aussi des personnes de talents qu’il choisit pour l’épauler – dont son fils, Stephen Hunter (aujourd’hui chef de la direction de la division de Vacances du Groupe WestJet).

Par exemple, on verra Sunwing offrir ses services au départ de marchés régionaux – avec le succès que l’on sait ! Déjà voyagiste et transporteur aérien, l’entreprise lancera une division hôtelière (Blue Diamond); se dotera d’un représentant à destination (NexusTours); exploitera une division détaillante (VacancesSellOff); acquerra un voyagiste américain (Vacation Express)… peaufinant toujours plus sa stratégie d’intégration verticale. 

Parallèlement, l’entreprise s’efforce en outre de soutenir les communautés où elle opère, par le biais de la Fondation Sunwing, une initiative caritative axée sur le soutien et le développement de la jeunesse et l'aide humanitaire.


Fichue COVID !

Certes, au fil des années, Sunwing a également connu sa part de revers et de couacs. Mais le fait est que l’entreprise familiale est parvenue à rester profitable, année après année, pendant près de 20 ans…

Jusqu’à ce que survienne la COVID, en fait !

Cette fichue pandémie : « Rien n’est plus triste que de voir le monde se refermer comme ça été le cas durant la COVID », confie Colin Hunter. Sortir de la pandémie, ç’a été comme « sortir d’un camp communiste ! » ajoute le fondateur de Sunwing.

Colin Hunter ne cache pas son dépit que cette crise ait obligé la société qu’il a fondée à cesser de voler de ses propres ailes pour intégrer une autre entreprise (WestJet).

Sans la pandémie, cette transaction n’aurait sans doute pas eu lieu, comprend-on. La question est sensible, on le devine. Mais Colin Hunter s’abstient pudiquement de s’épancher…


De la bonne volonté de part et d’autre

Prudemment, M. Hunter s’abstient aussi de commenter l’intégration en cours des deux compagnies. « On s’en reparle dans six mois », dit-il.

« Il faut laisser du temps au temps », corrobore Sam Char, qui assiste à l’entretien (nous sommes au beau milieu de l’été).

Le VP exécutif de Sunwing au Québec tient toutefois à souligner qu’il y a beaucoup de bonne volonté de part et d’autre.

« Puisque c’est dans l’intérêt des deux parties, chacun met l’épaule à la roue pour que cette fusion soit un succès. On verra mieux les résultats dans quelques mois, mais d’ores et déjà, c’est clair que l’attitude est positive et ouverte, d’un côté comme de l’autre. »

Colin Hunter et Sam Char en conviennent : WestJet et Sunwing sont des entreprises assez différentes – ne serait-ce que parce que 90 % des revenus de WestJet proviennent de sa division du transport aérien, tandis que 90 % des revenus de Sunwing provenaient de sa division voyagiste…

Mais selon eux, c’est justement la différence entre WestJet et Sunwing qui les rend complémentaires.

« Nous pensons que ce sera une bonne combinaison, disent-ils. Nous pensons qu’ensemble, nous constituerons une entité plus forte, capable d’accomplir de plus grandes choses. Nous y croyons. Nous y travaillons activement. Et nous pensons que les choses sont sur la bonne voie ! »

Entre-temps, un communiqué diffusé le 12 octobre dernier a dévoilé le prochain chapitre de l'intégration de Sunwing par WestJet, soit la création du nouveau « Groupe Vacances Sunwing ». Celui-ci englobe les cinq marques, soit les trois voyagistes, Vacances Sunwing, Vacances WestJet et Vacation Express, ainsi que les détaillants en voyages SellOffVacations.com et Luxe Destination Weddings.


La présidente de Pax Global Media, Uguette Chiasson, avec Colin Huner et Sam Char. [Pax Global Media]


Penser en dehors de la boîte, sortir des sentiers battus

À n’en point douter, vu son éclatant parcours, le fondateur du Sunwing aurait mille et un motifs de se péter les bretelles – et même d’avoir la grosse tête !

Pourtant, quand on lui demande de quoi il est le plus fier, sa réponse est empreinte de retenue et de modestie.

« Je suis fier d’être en bonne santé. Je suis fier d’avoir accompli ce que je voulais accomplir. Je suis fier de continuer d’aimer ce que je fais », répond-il sobrement.

Constatant la pudique réticence de son collègue et ami à s’autocongratuler, Sam Char intervient :

« Colin a créé un modèle d’affaires différent, un modèle qui n’existait nulle part ailleurs, avec un voyagiste, une compagnie aérienne, un voyagiste aux États-Unis, et un voyagiste complet à destination, une division hôtelière… Personne n’avait fait l’équivalent en Amérique du Nord ! »

Il poursuit :

« Colin a toujours incité son équipe à adopter une approche créative, innovante et originale. Il nous a encouragés à penser en dehors de la boîte, à sortir des sentiers battus. C’est ce qui a fait que Sunwing soit une histoire à succès dans tout le pays et au Québec ! »


L’importance d’aimer ce que l’on fait

Avec un brin de philosophie, Colin Hunter explique que, dans la vie, si on aime ce que l’on fait, on le fera bien. Et l’inverse est tout aussi vrai, ajoute-t-il : si on n’aime pas ce que l’on fait, on ne le fera pas bien.

« Chacun doit trouver son créneau. Je souhaite à tout le monde de trouver ce qu’il aime faire… et de le faire passionnément ! »

Colin Hunter, quant à lui, s’est même trouvé deux créneaux dans lesquels investir sa passion… Justement : qu’est-ce qui est le plus difficile entre diriger une entreprise du voyage et mener une carrière de crooner de jazz ?

Notre question l’amuse, mais sa réponse est sérieuse :

« Les spectacles sont généralement prévisibles. Par contre, dans l’industrie du voyage, rien n’est prévisible ! Chaque saison à ses propres défis. Actuellement, nous sommes dans la saison des ouragans, qui peut toujours réserver des surprises. Ensuite, ce sera l’hiver, qui ne vient jamais sans complications dues à la météo… »


Colin Hunter en spectacle en septembre dernier à Terrebonne avec le pianiste Joe Sealy et son quartet. [Sunwing]


La recette du succès ?

Des tempêtes, Colin Hunter en a affrontées durant son parcours. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a roulé sa bosse et qu’il a un sacré bagage !

Nous profitons de l’occasion pour lui demander s’il a des conseils pour les agents de voyages.

« Je ne crois pas que la communauté des agents de voyages ait besoin de conseils : ils se débrouillent généralement très bien. Je trouve que les conseillers – particulièrement ceux du Québec – ont une bonne connaissance des produits, des destinations, des tarifs, des promotions... Et ils excellent à en faire profiter leurs clients ! »

Quelques ingrédients de la recette de ses succès, peut-être ?

« Il n’y pas de recette, sinon que de savoir reconnaître et saisir les occasions qui se présentent. Ensuite, il faut juste avoir la chance de pouvoir convertir ces opportunités en résultats concrets. »

Une dernière question, alors : quel souvenir Colin Hunter aimerait-il qu’on garde de lui ? Sa réponse, encore une fois, est empreinte de modestie :

« Je ne crois pas qu’on se souviendra particulièrement de moi. Dans la vie, il y a toujours de nouvelles "saveurs du mois" pour capter l’attention... »


Nous nous souviendrons !

En tout respect, monsieur Hunter, permettez-nous de ne pas être d’accord.

Nous nous souviendrons encore très longtemps de votre voix suave entonnant « Come Fly with Me » ou « Fly Me to the Moon » – dans la lignée des grands Frank Sinatra, Dean Martin et autres Tony Bennet.

Et de la même manière, notre mémoire restera longuement marquée par vos succès en tant qu’entrepreneur et par vos apports en tant que pionnier de notre industrie. 

Pour l’ensemble de votre œuvre, nous vous levons notre chapeau !


Colin Hunter en spectacle en septembre dernier à Terrebonne avec le pianiste Joe Sealy et son quartet. [Sunwing]


Colin Hunter. [Pax Global Media]





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