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Le bien-être, nouveau pilier de l'industrie touristique
Le bien-être se présente comme la nouvelle arme concurrentielle des acteurs du tourisme. Tous s’activent à consolider leur offre pour répondre aux attentes croissantes des consommateurs qui souhaitent conserver leurs saines habitudes de vie en voyage.
Selon le Global Wellness Institute, le marché mondial du tourisme de bien-être pesait plus de 639 milliards de dollars américains en 2017 et enregistrait une évolution deux fois supérieure à celle de l’ensemble de l’industrie touristique.
Au Canada, les voyageurs ont réalisé 27,5 millions de séjours de bien-être et plus de 90 % d’entre eux ont été réalisés par des Canadiens. L’ensemble des dépenses générées au pays par les clientèles locale et internationale s’élevaient à 15,65 milliards de dollars américains (l’équivalent de 20,85 milliards de dollars canadiens).
À l’échelle mondiale, c’est en Amérique du Nord que les dépenses étaient les plus importantes. Le budget moyen des personnes ayant effectué un séjour de bien-être est également supérieur à celui de l’ensemble des voyageurs.
Une définition, deux segments de voyageurs
Selon le Global Wellness Institute, le tourisme de bien-être est un concept à ne pas confondre avec le tourisme médical ou de santé. Il s’agit de maintenir de façon proactive sa santé en voyage. Il existe deux types de voyageurs de bien-être, que l’on distingue selon leurs intentions. Alors que celui dit « primaire » considère le bien-être comme la motivation principale du choix de sa destination et des activités, le voyageur « secondaire » cherche seulement à inclure quelques activités de bien-être au cours de son séjour. Cette seconde catégorie représente la majorité des voyageurs de ce créneau. La distinction est importante, puisque les deux profils ont des attentes et des besoins différents.
Le bien être, dans l'ADN des entreprises touristiques
À l’heure où le bien-être s’immisce dans toutes les sphères du voyage, les acteurs de l’industrie touristique font preuve d’innovation pour créer de nouveaux produits et expériences qui répondent aux attentes de la clientèle.
Les aéroports en Amérique du Nord se dotent de spas de luxe et de centres de remise en forme et proposent des cours de yoga dans les aérogares et les salons. Ils appliquent une approche biophilique dans la conception des espaces, c’est-à-dire qu’ils créent des environnements pourvus d’éléments naturels ou en lien avec la nature (végétaux, lumière, eau, sons, etc.) qui favorisent le bien-être. En vol, les compagnies aériennes offrent des séances de méditation, des programmes qui favorisent le sommeil et des options alimentaires plus saines.
Les hôtels et les centres de villégiature axés sur le bien-être se multiplient. Les partenariats entre les groupes hôteliers et les secteurs de la remise en forme, des spas, de la nutrition ou encore des cosmétiques sont de plus en plus courants. Pour se distinguer, les établissements élaborent des environnements et des designs qui s’inspirent de la nature et favorisent la relaxation.
Chez AccorHotels, le bien-être se décline en cinq dimensions : la nutrition, l’environnement de la chambre, le mouvement (exercice physique), les spas et la pleine conscience (programmes et lieux réservés à la méditation), comme l’explique Emlyn Brown, directeur du Bien-Être pour les marques luxe et haut de gamme de la chaîne, en entrevue dans la revue Espaces.
Les voyagistes, les agences de voyages, les compagnies de croisières et les organisateurs d’événements rehaussent la qualité des voyages axés sur le bien-être grâce à des collaborations avec des spécialistes.
L’agence de voyages Alma Mundi organise des séjours à travers le monde « pour apprendre à se faire du bien », avec des conférenciers renommés dans leur domaine, que ce soit la philosophie et la spiritualité, la méditation de pleine conscience ou encore le deuil. Selon l’agence Zen&go, en entrevue dans la revue Espaces, le plus important est de pouvoir compter sur de bons professeurs ou maîtres de la discipline pratiquée (yoga, ayurveda, « détox », méditation, chamanisme, etc.).
Les destinations se positionnent sur le tourisme bien-être
D’après le Global Wellness Institute, les organismes de gestion des destinations (OGD) sont de plus en plus nombreux à mettre de l’avant certaines formes de tourisme de bien-être dans leurs communications et leur commercialisation. Plus d’un tiers des OGD des États américains et plus de la moitié de ceux de provinces et territoires canadiens (Alberta, Colombie-Britannique, Manitoba, Ontario, Saskatchewan, Yukon) font la promotion de ce tourisme sur leur site Web.
Certaines destinations développent leur image de marque autour du bien-être et se dotent d’une stratégie nationale, à l’instar de l’office du tourisme du Costa Rica qui a mis sur pied, en 2018, la démarche Wellness Pura Vida, inspirée de son fameux slogan Pura Vida.
Elle se fonde sur les principes du tourisme responsable, puisque l’organisme souhaite faire bénéficier les communautés locales des retombées de cette stratégie. Parmi ses actions, elle fait la promotion de l’offre de bien-être proposée par les habitants et de celle consacrée à la gastronomie locale et autochtone.
En 2017, l’office de tourisme de Beverly Hills, en Californie, a lancé une campagne estivale intitulée City of Wellth, néologisme créé à partir des mots wellbeing (bien-être) et wealth (richesse), en mettant à profit des habitudes de santé déjà bien ancrées parmi les habitants de la ville.
L’office de tourisme et les hôtels proposaient des événements, des activités et des forfaits thématiques. Sur le site Web de la destination, un jeu-questionnaire permettait aux internautes de connaître leur score en matière de style de vie et recommandait des activités pouvant le rendre plus sain, offertes dans la ville.
Le bien-être s’immisce dans toutes les sphères du tourisme au point d’en être indissociable. Son influence dans l’industrie devrait s’accentuer, puisqu’il reflète les nouvelles habitudes de vie et les valeurs d’une part croissante de la population. Au fur et à mesure que le tourisme de bien-être évolue, on constate qu’il n’est plus uniquement considéré du point de vue du voyageur, mais aussi de celui des résidents.
Une tendance qui offre des occasions de maillage avec le tourisme responsable.
Source : Aude Lenoir, Réseau de veille en tourisme, Chaire de tourisme Transat