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Une nouvelle taxe touristique en Basse-Californie du Sud sème la confusion
Une certaine confusion entoure l’annonce d’une nouvelle taxe touristique qui aurait été mise en place par l’État mexicain de Basse-Californie du Sud, où se trouve la populaire destination de Los Cabos.
La semaine dernière, Travelkore, une plateforme technologique basée à Toronto spécialisée dans la gestion des paiements de taxes touristiques, a diffusé un communiqué annonçant qu’une taxe obligatoire, perçue dans le cadre du programme « EMBRACE IT », entrerait en vigueur à compter du 1er juillet 2025.
Selon ce communiqué, daté du 30 juin, tous les visiteurs internationaux séjournant plus de 24 heures devront désormais payer 470 pesos mexicains (environ 34,25 $ CA) via la plateforme de Travelkore.
Cette taxe, collectée par une entreprise nommée Tourist Tax México, vise à « générer des fonds pour soutenir la conservation de l’environnement naturel, le développement communautaire et les infrastructures touristiques locales », indique le communiqué. Le paiement est accepté en ligne, à l’aide d’un lien fourni.
L’initiative repose sur l’article 129 Bis de la Loi des finances de l’État de Basse-Californie du Sud, ainsi que sur les sections IV à VII des Règles générales, qui détaillent les modalités de paiement.
Le communiqué cite également une déclaration de Mtra. Bertha Montaño Cota, ministre des Finances et de l’Administration : « Notre engagement est d’offrir une expérience touristique inoubliable, tout en protégeant nos écosystèmes et en soutenant le bien-être des communautés locales. EMBRACE IT est un outil essentiel pour y parvenir. »
La semaine dernière, Travelkore a également transmis une lettre de la ministre des Finances détaillant cette taxe obligatoire aux partenaires du secteur et aux médias.
Plusieurs médias spécialisés canadiens ont relayé l’information…
« Il n’y a aucun changement pour les voyageurs... »
Cependant, selon le Conseil du tourisme de Los Cabos, la situation est plus nuancée.
Dans une déclaration envoyée à PAX le 4 juillet par Siren Communications (qui représente Los Cabos au Canada), l’organisme précise qu’« aucun cadre réglementaire ni système opérationnel n’a été formalisé » pour l’application de cette taxe.
« À ce jour, les opérations dans la destination se poursuivent normalement. Il n’y a aucun changement pour les voyageurs », indique le Conseil du tourisme.
Une communication confuse
Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large d’incohérences, de déclarations contradictoires et d’incertitudes entourant les tentatives du Mexique de percevoir des taxes auprès des touristes.
La Basse-Californie du Sud emboîte le pas à l’État de Quintana Roo, où la mise en œuvre de la taxe touristique VISITAX, en vigueur depuis avril 2021, a elle aussi soulevé de nombreuses interrogations.
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Le Quintana Roo, qui regroupe notamment Cancún, Tulum, Playa del Carmen et Cozumel, a mis en place la VISITAX pour financer des projets d’infrastructure locaux (routes, trains, aéroports) et protéger les ressources patrimoniales comme les plages et les sites mayas.
Malgré des objectifs clairs, la mise en œuvre de la taxe a été marquée par une confusion importante sur les modalités de paiement, son application concrète et l’absence de mécanismes de contrôle systématiques.
Des efforts ont bien été déployés : affiches à l’aéroport de Cancún, représentants demandant aux touristes de scanner un code QR avant le contrôle de sécurité… Mais dans les faits, beaucoup de voyageurs ne payaient tout simplement pas, faute d’obligation vérifiable.
À cela s’est ajoutée une prolifération de sites non autorisés qui collectaient la taxe à des tarifs souvent majorés, contribuant à désinformer le public. Certains de ces sites sont toujours actifs aujourd’hui.
Selon le site de Travelkore, le montant actuel de la VISITAX est de 17,75 $ US par personne (environ 23,45 $ CA). Travelkore est désignée comme l’application officielle de paiement, mais il est aussi possible de régler la taxe sur le site du gouvernement.
Une fois le paiement effectué, le voyageur reçoit un code QR par courriel, à présenter aux agents VISITAX, présents dans toutes les zones d’arrivée et de départ de l’aéroport de Cancún. Un message sur le site de Travelkore précise : « Les agents VISITAX sont présents dans toutes les zones sécurisées. Ils sont facilement identifiables, et vous devez vous arrêter si l’un d’eux vous interpelle. »
La VISITAX est présentée comme obligatoire, mais les sanctions en cas de non-paiement – amendes, retenues, etc. – n’ont jamais été clairement établies.
En 2023, Travelkore avait évoqué la mise en place de « frais de pénalité » pour les voyageurs refusant de payer, en affirmant que le suivi numérique était désormais actif. Mais il reste difficile de confirmer si ces mesures sont réellement appliquées.
Des préoccupations dans le secteur hôtelier
Des voix se sont également élevées dans l’industrie. Selon Reportur.com, en 2023, le Conseil des hôtels de la région du Mexique caraïbe a soumis une demande officielle à la gouverneure de Quintana Roo pour revoir la viabilité de VISITAX, pointant des incohérences dans la façon dont la taxe est promue dans les hôtels, les publicités et à l’aéroport.
Cette communication brouillée a entraîné une grande diversité d’interprétations quant à l’obligation réelle de payer la taxe.
Une obligation pour les conseillers en voyages ?
Au-delà de l’éthique de contribuer aux destinations visitées, Tim Scurry, PDG du Torkore Group (maison mère de Travelkore), insiste également sur les implications juridiques, notamment à l’intention des professionnels du voyage.
En juillet 2023, le directeur fiscal de Quintana Roo a publié un avis officiel rendant obligatoire l’information et la collecte de la VISITAX par les voyagistes, un ordre certifié selon la procédure d’apostille, ce qui lui confère une validité internationale.
Dans une entrevue avec PAX, Tim Scurry a affirmé que les conseillers en voyages canadiens avaient la responsabilité de connaître et respecter les lois en vigueur dans les États mexicains. « Si un conseiller dit à ses clients de ne pas payer la taxe, il ne respecte pas cet ordre », a-t-il déclaré. « C’est une loi internationale. Je ne jouerais pas avec ça. »
Mais en dépit des efforts pour clarifier les règles, l’application concrète et la communication autour de ces politiques restent incertaines.
Et si les difficultés rencontrées au Quintana Roo en sont un indicateur, la Basse-Californie du Sud pourrait elle aussi connaître un chemin semé d’embûches.