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Vendredi,  7 novembre 2025   13:24
Une agence prospère dans une région qui l’est moins

Quand un journaliste spécialisé demande à un agent de voyages ce qui le motive à travailler dans l’industrie, la réponse, souvent convenue, quoique presque toujours sincère, mais finalement banale, est «la passion du voyage». Quand  j’ai posé cette question à Mireille Mongrain, propriétaire de Club Voyages Super Soleil, à Trois-Rivières, elle m’a répondu : «la passion des affaires». Et le voyage, alors? «Ça, c’était au début, mais aujourd’hui, c’est la passion de l’entreprise qui entretient mon intérêt pour le domaine. Et l’équipe, bien-sûr!»

Une équipe de 18 personnes réparties entre trois points de ventes: deux à Trois-Rivières et un à Shawinigan. Car, l’an dernier, Mireille Mongrain s’est associée à une de ses employées, Hélène Morissette, pour racheter Club Voyages Durocher, à Shawinigan.

Un retour aux sources, en quelque sorte, puisque c’est dans cette petite ville industrielle de la Mauricie, située à moins d’une demi-heure de route de Trois-Rivières, qu’elle est née et qu’elle a fait ses débuts dans le domaine du voyage.

«J’avais travaillé dans une banque, puis dans le secteur de la publicité et, après avoir pris une pause de quelques années pour m’occuper de mon fils avant qu’il ne rentre à l’école, j’avais décidé de devenir agent de voyages», raconte-t-elle. «Je suis allée suivre la formation habituelle au Collège April-Fortier. À peine diplômée, j’ai été embauchée chez Voyages Beaumont, à Shawinigan, qui était alors la «grande agence» de la région, avec deux points de ventes. Un an plus tard, ils m’ont nommée directrice de la succursale de Grand-Mère. Mais j’ai bien vite eu envie d’avoir ma propre agence. Et c’est un Club Voyages que je voulais ouvrir, parce que j’évaluais que c’était la meilleure bannière active sur le marché.»

Mireille Mongrain,propriétaire de Club Voyages Super Soleil, à Trois-RivièresOr, il y avait déjà une agence arborant cette bannière, à Shawinigan : Club Voyages Durocher. Entretemps, le propriétaire de Club Voyages Super, à Trois-Rivières, lui a proposé de devenir directrice de son agence. Elle a accepté et un an plus tard, elle rachètait l’entreprise. C’était en 1987. Quelques années plus tard, elle faisait l’acquisition de Voyages Soleil, un point de ventes du Cap-de-la-Madeleine, la ville située de l’autre côté du Saint-Maurice, aujourd’hui fusionnée à Trois-Rivières. «J’ai apposé les deux noms et nous sommes devenus «Club Voyages Super Soleil», explique-t-elle. Et l’an dernier, nous avons racheté Club Voyages Durocher, qui était la propriété de Lisette Durocher, depuis 30 ans.»

La petite agence, qui employait quatre personnes lorsque Mireille Mongrain l’a rachetée, en 1987, en appointe aujourd’hui 18, réparties entre les trois points de ventes. La croissance a été constante, malgré une conjoncture économique difficile, la Mauricie ayant été durement fragilisée par la vague de désindustrialisation qui a touché le Québec. Longtemps considérée comme la «capitale mondiale du papier», Trois-Rivières est une ville sinistrée sur le plan industriel. Plusieurs papetières ont fermé leurs portes. Parmi elles, la CIP (Canadian International Paper), qui exploitait la plus grande usine de produits du papier au monde. D’une demi-douzaine d’usines de papier actives dans les années soixante-dix, on est passé à deux, celles la Kruger, qui fonctionnent aujourd’hui avec des effectifs réduits. Westinghouse, Phillips, Norton, Wabasso… ces entreprises qui avaient contribué à faire de Trois-Rivières une ville industrielle prospère durant la première moitié du XXe siècle, ont fermé leurs portes. À Shawinigan, c’est encore pire. La dernière papetière qui résistait au laminoir de la décroissance, la Belgo, a fermé en 2008. L’Alcan a suivi, et Dupont et les Produits Forestiers Résolu... «À Trois-Rivières, l’implantation de l’Université du Québec a redonné un peu de dynamisme à la ville, mais il y a aujourd’hui beaucoup de chômeurs et les emplois industriels bien payés ont été remplacés par des emplois du secteur tertiaire, moins bien rémunérés», note Mireille Mongrain.

Malgré cette débacle, malgré le fait que les comptes commerciaux qui alimentaient une bonne partie du chiffre d’affaires de l’agence n’en constituent plus aujourd’hui que 10%, Club Voyages Super Soleil a continué à prospérer. Le chiffre d’affaires excède les 10 millions $. Même l’arrivée de Voyages à Rabais, l’agence Internet devenue un des plus gros détaillants du Québec, n’a pas freiné sa progression. «On ne l’a pas vraiment senti, d’une part parce que Voyages à Rabais recrute sa clientèle dans l’ensemble de la province et d’autre part parce que nous ne nous adressons pas aux mêmes créneaux de consommation», explique Mireille Mongrain. «Il n’en reste pas moins qu’avec 21 agences pour un bassin de population d’environ 145 000 personnes, il y a trop de détaillants en voyages dans le contexte économique actuel. Par contre, le fait d’être implantés dans la région depuis 30 ans nous confère une image de stabilité qui nous aide beaucoup. Et puis, lorsqu’on sait y faire, c’est plus facile de résister à la vague Internet et de se fidéliser une clientèle dans une région comme la nôtre. Comme toutes les agences de région, nos activités sont plus diversifiées que celles des détaillants de grandes villes. Nous ne vendons pas que du Sud et des billets d’avion pour Paris. Nous traitons beaucoup de demande pour des voyages «à la carte» et nous faisons beaucoup de groupes. Non seulement des groupes pour l’Europe ou pour des destinations exotiques, mais aussi des petits circuits en autocar d’un ou deux jours au Québec. Ici, les gens sont très intéressés par des spectacles à Montréal, à Québec ou ailleurs en province. Et ils préfèrent prendre un petit circuit en autobus tout organisé, plutôt que de conduire pour y aller par leurs propres moyens.»

Comme tout propriétaire d’agence de région qui se respecte, Mireille Mongrain s’implique dans les associations de gens d’affaires de la région. Elle a été présidente du Rotary et du Club Kiwanis. Elle est une habituée des réunions de la Chambre de commerce. «Et dans ces organisations-là, vos clients habituels se sentent très gênés de se présenter aux réunions tout bronzés, s’ils n’ont pas acheté leur voyage chez vous», rigole-t-elle.

Force lui est de constater que le contexte économique difficile de la Mauricie n’a pas eu vraiment de répercutions dramatique sur ses affaires. «Le plus difficile, ce n’est pas ça, c’est le recrutement. Plusieurs de mes employés, qui sont avec moi depuis 15, 20, 25 ans, commencent à penser à la préretraite. Et ce n’est pas facile de remplacer des gens qui ont accumulé une telle expertise et un tel savoir-faire.»

 

Photo du haut : On reconnaît, dans l’ordre habituel, Julianne Prince, agent technique, Kim Gendron, la conseillère affectée aux voyages corporatifs, Mireille Mongrain, présidente de Club Voyages Super Soleil et la conseillère Berta de Melo. La vice-présidente, Hélène Morissette et les conseillères Karin Vanlandeghem et Lisette Marcotte, étaient absentes lorsque nous sommes passés à l’agence du boulevard des Forges.

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