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Mardi,  11 novembre 2025   20:29
Sur les Backwaters du Kerala

Notre journaliste se trouve actuellement au Kerala, un des États du sud de l’Inde, où il participe, en compagnie d’un groupe d’agents de voyages anglophones, à un voyage de familiarisation organisé par le grossiste et consolidateur Onkar Travels. Il a passé les deux derniers jours sur un houseboat, à naviguer sur les backwaters, ce réseau de lagunes, de lacs et de canaux, qui déploie ses innombrables ramifications parallèlement à la côte de la mer d’Arabie.

Le bateau avance avec indolence dans une atmosphère paisible que les ronronnements feutrés du moteur ne parviennent pas à altérer. Sur les deux rives du canal, les habitants entament le rituel matinal de la liturgie domestique quotidienne. Ici, c’est une femme qui lave son linge dans l’eau bistrée. Là, un groupe d’hommes, vêtus de pagnes, qui font leurs ablutions. Plus loin, quelques écolières en uniforme bleu se hâtent vers le bateau-bus scolaire qui les attend à l’embarcadère. En marchant, elles dépassent un pêcheur qui répare ses filets et elles saluent, au passage, une vieille dame qui prend l’air sur son perron, assise dans un fauteuil d’osier.

Pendant qu’armé de mon Nikon, je joue les voyeurs sur la plateforme avant du houseboat, Sandeep le cuisinier, s’affaire derrière moi. Il prépare la table du petit déjeuner. Il vient d’y déposer une cruche de jus d’ananas fraîchement pressé et un grand plateau garni de ces succulents hybrides de pain et de crêpes - parothas huilés au ghee, rôtis, dosas… - que je dévorerai gloutonnement, trempés dans un chutney de fruits ou dans la sauce épicée au masala que Sandeep apporte dans un bol fumant. Pour les estomacs plus délicats, il amène également un pain de mie tranché à la nord-américaine et un grille-pain. Lorsque mes compagnons de voyage qui occupent les deux autres cabines du bateau seront levés, il leur proposera des œufs brouillés ou sur le plat et des saucisses de poulet.

Nous avions embarqué la veille, près d’Allapuzha, une ville de 300 000 habitants que les Indiens comparent à Venise, de façon un peu abusive, puisque, si le lacis de canaux est aussi dense que celui de la cité des Doges, les édifice riverains sont quelques brins moins fastueux que les palazzi du Canale Grande.

Ceci dit, la navigation sur les backwaters, qui sont devenus la principale attraction touristique du Kerala, nous plonge dans un univers aussi fascinant que celui de la Sérénissime. Ce réseau de lagunes, de lacs et de canaux déploie ses ramifications sur 900 kilomètres (le double, selon certaines sources) parallèlement à la côte de Malabar, comme les Européens ont baptisé, au XVIe siècle, la portion de littoral du sud-ouest de l’Inde, qui va de Goa au cap Comorin. Il constitue un formidable réseau de communication qui permet de transporter le grain récolté dans les rizières qui frangent les canaux et aux habitants des villages riverains de se déplacer en chaloupe, en pirogue ou en bateau-bus. Aujourd’hui, ces embarcations doivent partager ces eaux avec une armada de «houseboats».  Ces anciennes péniches, qui servaient jadis à transporter le riz, on été réaménagées et converties en «B&B» flottants. Elles comportent généralement trois chambres coquettes, chacune flanquée d’une petite salle-de-douche, une cuisine à l’arrière et, à l’avant, un espace salle-à-manger/salon ouvert sur trois côtés, où les passagers peuvent se prélasser en contemplant l’animation des canaux et le paysage qui défile sous leurs yeux.

En fin d’après-midi, la veille, nous avions fait escale à Champakulam, un gros village situé à une vingtaine de kilomètres d’Allapuzha. J’ai emprunté le chemin de halage bordé de boutiques (artisanat, bijoux, guenilles…) jusqu’à l’imposante église St. Mary, qui dessert une paroisse fondée très précisément le 28 décembre 427, selon le fascicule explicatif qu’un colporteur me vend pour 20 roupies (0,40 $ Can). C’est un bel édifice blanc dont les pignons à volutes rappellent que les Hollandais ont assuré une forte présence dans cette partie de l’Inde, pendant deux siècles. Comme dans la plupart des églises locales, le clocher est une structure construite à quelques mètres du bâtiment principal. À St. Mary, la messe est célébrée en dialecte syriaque, qui est un dérivé de l’araméen, la langue parlée en Palestine au temps de Jésus.

Les églises chrétiennes sont omniprésentes au Kerala, beaucoup plus visibles que les temples hindous et les mosquées, même si les chrétiens ne constituent que 20% de la population (contre 56% d’hindous et 24% de musulmans). Mais ici, dans la région centrale, leur poids démographique est plus important (35%). Le christianisme y aurait été introduit par l’apôtre Thomas, venu évangéliser le Sud de l’Inde en 52 de notre ère, et le rayonnement de l’église locale a été renforcé lorsque le jésuite François Xavier est venu prêcher sur la côte de Malabar, au milieu du XVIe siècle, avec un succès qui lui a valu la canonisation, un siècle plus tard.

D’après le fascicule acheté à l’entrée, St. Mary dessert une paroisse qui regroupe 1 250 familles, plutôt pratiquantes, si l’on se fie à la fréquence des messes : deux par jour et quatre le dimanche. Dans la nef, une dame m’interpelle gentiment en anglais. Elle me demande si je suis chrétien et, devant ma réponse affirmative (après tout, j’ai été baptisé!), elle m’invite à rester pour l’office de 18 heures, qui doit débuter une demi-heure plus tard. Mais je dois refuser, car il est temps de rentrer au bateau qui doit appareiller à 5h45.

Notre houseboat est reparti, en longeant des rizières, qui déploient leurs moquettes de tiges blondes à un mètre sous le niveau de la mer (elles sont protégées de l’inondation par les digues qui servent aussi de chemin et par un système de vannes placées aux endroits appropriés permet de les irriguer). Après s’être engagé sur un lac, il a bifurqué dans une baie où les hommes d’équipage l’ont amarré pour la nuit, pendant que Sandeep préparait le souper.

L’auteur de ce reportage était l’invité du voyagiste et consolidateur Onkar Travels (www.onkartravels.com) et de l’Office du tourisme du gouvernement de l’Inde (www.incredibleindia.org).

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