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Grèce : les fournisseurs dans l’expectative

La crise grecque, exacerbée par le vote de rejet des conditions européennes, a-t-elle un impact sur la demande touristique? Selon certains échos, en Grèce, le flux de réservations serait en chute libre depuis quelques jours : on avance des chiffres allant de 10% à 50% comparativement à la première semaine de juillet 2014. Mais d’autres sources parlent de «business as usual». Dans les îles, les hôtels afficheraient complet et il est question d’étrangers qui, anticipant des baisses des prix, modifient leurs projets pour prévoir des vacances en Grèce. Qu’en est-il exactement? Nous avons pris le pouls de quelques acteurs québécois.
Jusqu’au début de juin, sur le plan touristique, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes helléniques. En se fiant aux arrivées enregistrées pendant les cinq premiers mois de l’année et à l’état des réservations, le Syndicat des sociétés grecques de tourisme (le SETO) anticipait que le pays accueillerait 25 millions de visiteurs cette année, comparativement à 21,5 millions en 2014 (qui était déjà une année record). Bref, la crise n’avait que des impacts positifs sur la demande. Mais depuis l’annonce du référendum, rien ne va plus. Le même SETO parle d’un recul du flux des réservations de l’ordre de 30%. «À Athènes, les professionnels du tourisme font officiellement état d’un ralentissement de l’ordre de 15% à 20%, lorsqu’ils parlent aux médias, mais «off the record», ils admettent qu’il s’agit plutôt de 50%», déclare un de nos interlocuteurs qui refuse d’être identifié.
Chez SkyGreece, le transporteur qui a lancé un vol hebdomadaire entre Montréal et Athènes le 23 mai dernier, on suit la situation de près. «Jusqu’à présent, l’état des réservations est très satisfaisant, mais depuis lundi, les choses ne bougent pas», constate Denis Codère, vice-président ventes et commercialisation du transporteur. «Il est très difficile de donner l’heure juste, actuellement. Nous savons que toutes les prestations touristiques sont fournies normalement. Les hôtels, les traversiers, les autocars, les restaurants… tout fonctionne. Nous avons rempli presque tous nos vols en juillet, mais pour le reste de la saison, nous sommes dans l’expectative.»
Parce que la Banque centrale européenne (BCE) n’approvisionne plus les banques grecques qu’au compte-goutte, le gouvernement hellène a limité les retraits aux guichets à 60 euros par personne. Mais cette mesure ne s’applique qu’aux locaux. Les touristes, eux, ont le droit de retirer toutes les sommes que leurs banques leur permettent de retirer sur une base quotidienne. «Nous avons actuellement un groupe qui effectue un circuit et j’ai appelé le guide trois fois depuis cinq jours», raconte Claude St-Pierre, président de Tours Chanteclerc. «Les participants n’ont eu aucun problème avec leurs cartes de crédit et leurs cartes de débit. Quelques personnes inscrites sur de prochains départs nous ont appelé car elles craignaient de tomber à court de liquidité sur place. Mais ce ne sera pas le cas, puisque la Grèce a besoin des devises qu’ils apportent. Ceci dit, j’ai un ami hôtelier à Santorin qui affiche complet et qui me dit que, loin de régresser, le flux de réservations est en hausse pour les prochains mois. Pour notre part, nous connaissons une saison exceptionnelle sur la Grèce : la meilleure de notre histoire. Il est vrai que le gros des réservations a été enregistré entre janvier et avril, mais je suis confiant. Les touristes occidentaux flairent l’aubaine et la demande devrait se maintenir et, même, augmenter. Notre fournisseur local a pris ses précautions pour assurer la bonne marche des opérations le reste de la saison : il a prépayé des stocks d’essence et fait des réserves de liquidités.»
Chez Transat non plus, on n’a constaté aucune baisse de la demande. «Il est peut-être un peu trop tôt pour prédire ce qui adviendra ces prochaines semaines, mais jusqu’à présent, nous n’enregistrons aucun retard au niveau des réservations», indiquait Debbie Cabana, porte-parole de Transat Tours. «Nous avons augmenté notre offre, tant aérienne que terrestre, sur la Grèce et les résultats sont à la hauteur de nos attentes. Naturellement, des consommateurs qui n’ont pas encore pris de décision quant à leurs plans de voyages d’automne pourraient écarter la Grèce de l’éventail des possibilités à cause des évènements, mais jusqu’à présent, nous n’avons aucune indication que ce serait le cas.»
Transat exploite trois vols hebdomadaires entre Montréal et Athènes, depuis le 25 juin et cela, jusqu’au 20 août. Après cette date, la fréquence sera réduite à deux vols hebdomadaires.
Aux dernières nouvelles
Ce matin, le SETO émettait un communiqué précisant que la majorité des guichets bancaires fonctionnaient normalement et que le montant des retraits n’était pas plafonné pour les étrangers (mis à part le plafonnement quotidien imposé par leurs propres banques). On y conseillait néanmoins aux touristes de se munir de liquidités en petites coupures «pour les prestations non incluses dans les forfaits» et, pour ceux qui prennent des médicaments, de se munir du nécessaire, car le pays commence à faire face à une pénurie en la matière. On signale encore que certains commerçants insistent pour être payés en liquide, plutôt que par carte de crédit. Par contre, il semble que les stocks d’essence soient suffisants pour le reste de la saison.
La part du tourisme au PIB grec varie, selon les sources d’information. Le Moniteur du commerce international (MOCI) parle de 11%, alors que le SETO et la Banque de Grèce l’évaluent à 18% du PIB. Mais toutes s’accordent pour mentionner qu’un travailleur grec sur cinq travaille dans l’industrie touristique, ce qui signifie 900 000 personnes. Entre autres mesures réclamées, les négociateurs de l’Union Européenne demandaient que le gouvernement grec relève la TVA sur les prestations hôtelières de 13% à 23%. Le premier ministre Alexis Tsipras s’y refuse, évaluant que cela aurait des effets dissuasifs sur la demande et contribuerait à replonger la Grèce en récession. Il a certainement raison sur ce point-là.