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Vendredi,  7 novembre 2025   13:49
Passeports les plus puissants: Singapour, Corée du Sud et Japon en tête; les USA reculent
[Henley & Partners]


Pour la première fois depuis la création du Henley Passport Index en 2006, le passeport des États-Unis ne figure plus parmi les dix plus puissants au monde.

En 2014, il occupait le premier rang. En 2025, il chute à la 12e place, ex æquo avec la Malaisie, avec un accès sans visa à 180 destinations sur 227.

Le classement, fondé sur des données exclusives de l’IATA, évalue les passeports selon le nombre de pays que leurs détenteurs peuvent visiter sans visa préalable. Cette année, le trio de tête est occupé par Singapour (193 destinations), la Corée du Sud (190) et le Japon (189).

Pour sa part, le passeport du Canada occupe le 9e rang du classement, donnant accès à 183 destinations sans visa. L’an dernier, le Canada occupait le 7e rang.


Des pertes d’accès successives

Plusieurs décisions récentes ont contribué à la baisse du passeport américain dans le classement.

La perte de l’exemption de visa au Brésil en avril (en raison de l’absence de réciprocité), l’exclusion des États-Unis de la nouvelle liste de pays exemptés de visa par la Chine, puis les ajustements apportés par la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Myanmar, la Somalie et le Vietnam ont pesé dans le recul américain.

« Le déclin de la puissance du passeport américain au cours de la dernière décennie reflète un changement profond dans la mobilité mondiale et les dynamiques de pouvoir », affirme Dr Christian H. Kaelin, président de Henley & Partners et créateur de l’indice.

« Les nations qui misent sur l’ouverture progressent, tandis que celles qui s’appuient sur des privilèges passés sont laissées derrière. »

Le Royaume-Uni, lui aussi ancien numéro un en 2015, descend à la 8e place, son plus bas niveau historique.



Un faible niveau d’ouverture en retour

Alors que les citoyens américains peuvent visiter 180 pays sans visa, les États-Unis n’accordent cette réciprocité qu’à 46 nationalités. Ce déséquilibre place le pays au 77e rang de l’Henley Openness Index, qui mesure le niveau d’ouverture de chaque pays.

Ce fossé entre accès offert et accès reçu est l’un des plus larges au monde, derrière l’Australie, mais devant le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Japon. Tous ces pays ont connu un recul ou une stagnation dans leur classement de puissance de passeport au cours des dix dernières années.

Selon Annie Pforzheimer, du Center for Strategic and International Studies, cette fermeture est d’origine politique : « Même avant une éventuelle présidence Trump II, la politique américaine s’était repliée sur elle-même. Cette mentalité isolationniste se reflète désormais dans la perte d’influence du passeport américain. »


Mesures restrictives et frais en hausse

Les mesures mises en œuvre par l’administration Trump ont notamment visé 12 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est, suspendant la délivrance de visas, imposant des restrictions supplémentaires à sept autres pays, et menaçant d’interdire l’entrée à 36 États supplémentaires, principalement en Afrique.

Un dépôt de garantie pour visa de 5000 à 15 000 $ US est désormais exigé de ressortissants de sept pays africains, remboursable uniquement après leur départ. Une nouvelle frais d’intégrité de visa de 250 $ US est aussi prévu pour la plupart des demandes de visa non immigrant.

Par ailleurs, le coût de l’ESTA (Electronic System for Travel Authorization) a presque doublé le 30 septembre 2025, passant de 21 $ à 40 $ US.


La Chine progresse

À l’inverse, la Chine grimpe dans le classement. En dix ans, elle est passée du 94e au 64e rang du Henley Passport Index, gagnant 37 destinations à accès sans visa.

La Chine a aussi progressé dans l’Henley Openness Index, en accordant l’exemption de visa à 30 pays supplémentaires dans la dernière année. La Chine occupe maintenant le 65e rang, avec 76 pays autorisés à entrer sans visa, soit 30 de plus que les États-Unis.

Parmi les dernières décisions : l’ouverture aux ressortissants russes et de nouveaux accords avec les pays du Golfe, d’Amérique du Sud et d’Europe.

« Le retour de Trump alimente de nouveaux conflits commerciaux qui nuisent à la mobilité américaine, tandis que l’ouverture stratégique de la Chine renforce son influence mondiale », commente Dr Tim Klatte, associé chez Grant Thornton China.


Un engouement pour les citoyennetés secondaires

La baisse du pouvoir du passeport américain alimente une croissance record de la demande pour des résidences et citoyennetés alternatives.

Selon Henley & Partners, les citoyens américains sont devenus en 2025 les plus nombreux à présenter une demande dans les programmes de migration par investissement. À la fin du troisième trimestre, les demandes avaient déjà dépassé de 67 % le total de l’année 2024, qui affichait elle-même une hausse de 60 % par rapport à 2023.

« Face à une instabilité sans précédent, les investisseurs et les familles américaines aisées adoptent une stratégie d’arbitrage géopolitique en acquérant de nouvelles options de citoyenneté », explique Dominic Volek, responsable du service client privé chez Henley & Partners. L’objectif : se prémunir contre les risques de juridiction, et optimiser leur vie, leurs finances et leur mobilité.

Selon Peter J. Spiro, professeur de droit à Temple University, « la citoyenneté américaine demeure précieuse, mais elle ne suffit plus à elle seule ». Il affirme que de plus en plus d’Américains chercheront à obtenir une citoyenneté secondaire, par tous les moyens possibles. « La double citoyenneté est en voie de devenir le nouveau rêve américain », conclut-il.

Info : Henley & Partners


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