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Des résidents espagnols aspergent de nouveau les touristes pour dénoncer le surtourisme

Des résidents d’Espagne ont de nouveau utilisé des pistolets à eau pour manifester leur opposition au surtourisme.
Dimanche dernier (15 juin), des manifestants à Barcelone et sur l’île de Majorque ont arrosé des touristes pour dénoncer un modèle économique qui, selon eux, entraîne une hausse du coût du logement et une perte d’identité locale.
Il s’agissait d’une première action concertée à l’échelle du sud de l’Europe. La plus grande mobilisation a eu lieu à Palma, la capitale de Majorque, où environ 5000 personnes ont manifesté, certaines munies de pistolets à eau et scandant : « Partout où on regarde, il n’y a que des touristes. »
D’autres rassemblements se sont tenus à Venise, Lisbonne, Grenade, Saint-Sébastien et Ibiza.
« Les pistolets servent à déranger un peu les touristes », a confié Andreu Martínez, un résident de Barcelone, à l’agence Associated Press. « Barcelone a été livrée aux touristes. C’est un combat pour rendre la ville à ses habitants. »
Il affirme que son loyer a bondi de plus de 30 % en raison de la multiplication des locations à court terme dans son quartier.
Des commerces traditionnels sont peu à peu remplacés par des boutiques de souvenirs, des chaînes de restauration rapide et des salons de thé à bulles.
Des appels à repenser le tourisme
Selon les organisateurs, les revendications visent à réduire l’afflux touristique et à instaurer un nouveau modèle. Parmi leurs 13 propositions : la fermeture des terminaux de croisières, une meilleure réglementation de l’hébergement touristique et la fin des investissements publics dans la promotion touristique.
« Quelque chose doit changer », affirme James Thornton, PDG d’Intrepid Travel, dans une tribune publiée le 16 juin. Il y souligne que de nombreuses communautés ont vu leur mode de vie bouleversé par des modèles de tourisme non durables.
Il suggère de s’éloigner du tourisme de masse au profit de circuits en petits groupes qui soutiennent les entreprises locales, de mettre en place une gouvernance qui place les citoyens avant les profits, et d'encourager des échanges culturels respectueux.
Il propose aussi que les retombées économiques du tourisme profitent davantage aux communautés locales qu’aux grandes entreprises internationales.
L’Espagne n’est pas seule
D’autres villes européennes prennent aussi des mesures. À Amsterdam, la municipalité souhaite réduire le nombre de croisières à 100 par an d’ici 2026 (contre 190 actuellement), et envisage de relocaliser son terminal de croisières d’ici 2035.
Les Canadiens attentifs à la question
Une étude de Flight Centre, menée par YouGov, révèle que 71 % des Canadiens s’inquiètent des effets du surtourisme. Selon le sondage, 78 % estiment que plusieurs attractions sont trop fréquentées pour être pleinement appréciées, et 81 % préféreraient une destination similaire moins achalandée.
Par ailleurs, 57 % seraient prêts à payer une taxe touristique pour soutenir des initiatives durables, et 53 % jugent justifiées les manifestations de résidents dans les régions les plus visitées.
La réponse du WTTC
En réaction aux manifestations, le World Travel & Tourism Council (WTTC) a publié une déclaration soulignant les bénéfices du tourisme pour les économies locales.
« Le secteur du voyage et du tourisme génère des avantages économiques importants, non seulement pour les grandes entreprises du voyage, mais aussi pour les commerces de proximité et les petites entreprises qui les approvisionnent », peut-on lire.
L’organisme souligne que le secteur crée de l’emploi et des revenus, tant par les visiteurs internationaux que domestiques. Il considère qu’il est injuste de rendre le tourisme responsable de problèmes sociaux complexes comme les pénuries de logements.
Le WTTC précise aussi que le tourisme génère des recettes fiscales substantielles, et que les gouvernements doivent s’assurer que ces fonds soient réinvestis pour répondre aux besoins locaux, notamment en matière d’infrastructures.
« Le WTTC soutient un tourisme responsable qui profite aux populations, et collabore avec les gouvernements pour y parvenir », conclut la déclaration.