Politique en matière de cookies

Afin de vous offrir une service optimal, ce site utilise des cookies.
En utilisant notre site, vous acceptez notre utilisation des cookies. En savoir plus

Mardi,  8 octobre 2024   4:31
Piger dans le FICAV pour financer Juste pour rire?

Gilbert Rozon, fondateur du Festival Juste pour RireLe FICAV servira-t-il à financer les grands évènements comme le Festival de Jazz ou le Festival Juste pour rire? C’est ce que préconise le REMI (Regroupement des Évènements Majeurs Internationaux), dont les membres du conseil d’administration ont été reçus hier à l’Assemblée Nationale du Québec. Ils s’appuient sur une étude réalisée par KPMG, qui préconise de mettre à contribution les voyageurs internationaux pour développer l’offre touristique québécoise, en puisant notamment dans le Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyages. De là à transformer le FICAV en taxe sur les voyages à l’étranger, il n’y a qu’un pas que certaines figures très connues n’hésiteraient pas à franchir.

Le REMI (Regroupement des Évènements Majeurs Internationaux) est un organisme qui fédère les organisateurs des 28 plus grands évènements récréo-touristiques du Québec, qui attirent un nombre important de visiteurs venus d’autres provinces ou d’autres pays : Festival de Jazz de Montréal, Festival Juste pour rire, Festival Western de St-Tite, Carnaval de Québec, Coupe Rogers, le Festival de Lanaudière, etc… Présidé par Louise Beaudouin, ancienne titulaire de ministères importants dans plusieurs gouvernements du Parti québécois, son conseil d’administration est composé de personnalités au nombre desquelles figurent plusieurs pointures tel que Gilbert Rozon (Festival Juste pour Rire), Alain Simard (Festival de Jazz et Montréal en Lumière) ou encore Jean Pelletier, ancien maire de Québec, ancien chef de cabinet de Jean Chrétien, et actuel président du Carnaval de Québec. Bref, rien que des gens d’influence!

L’étude de KPMG identifiait de nouvelles formes de financement pour attirer davantage de touristes étrangers aux grands évènements et, notamment, «une contribution des voyageurs internationaux pour développer l’offre touristique québécoise et réduire le déficit touristique», en mettant notamment à contribution le Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyages».

Une délégation composée de plusieurs promoteurs de grands évènements et conduite par Louise Beaudouin a été reçue à l’Assemblée nationale, hier matin.  Elle a été d’autant mieux accueillie que la démarche était appuyée par des représentants des quatre partis représentés dans cette enceinte. Le REMI propose donc d’utiliser une partie des sommes versées par les consommateurs et perçues par les agences de voyages pour réduire le déficit touristique et mieux financer les évènements majeurs. La contribution au FICAV, qui au départ se voulait une assurance protégeant les voyageurs contre une faillite de leurs fournisseurs, deviendrait donc, en tout ou en partie, une taxe «voyage à l’étranger».

Les délégués ont également présenté une résolution exprimant leur soutien à la démarche entreprise par la ministre Vien pour remodeler le modèle d’affaires en tourisme.

Refinancer la promotion touristique

Louis Rome, ancien directeur de l’ATRAQ, organisme fédérant les associations touristiques régionales, aujourd’hui consultant et blogueurDès son entrée en fonction, voici un an, l’actuelle ministre du Tourisme, Dominique Vien, a entrepris une révision du modèle de financement et de fonctionnement de la mise en marché du produit touristique québécois. Une des avenues proposées consiste notamment à procéder à une redistribution de la taxe d’hébergement, dont le produit est actuellement utilisé par les ATR (Associations touristiques régionales) qui s’en servent pour financer leurs opérations de mise en marché. Ce qui se traduit parfois par une cacophonie d’actions au niveau international où les ATR promeuvent souvent des produits peu susceptible d’intéresser des touristes étrangers. La taxe d’hébergement génère des revenus de 48 millions $, dont 50% sont dépensés par les ATR pour faire la promotion de leurs régions à l’étranger.

La ministre voudrait rapatrier les sommes consacrées à la promotion sur les marchés internationaux et la faire gérer par un organisme relevant de son ministère. Comme les sommes dépensées par le Québec pour se faire valoir sur les marchés internationaux sont dérisoires, comparativement aux budgets de promotion d’autres destinations, il est aussi question de hausser la taxe d’hébergement (actuellement elle varie de 2% à 3,5% selon les ATR) à 3,5%, voire à 4%. La possibilité de puiser dans les surplus du FICAV a également été évoquée par plusieurs intervenants pour remplumer les budgets de promotion touristique de la province sur la scène internationale.

Le FICAV fait saliver

Risque-t-on d’en arriver là? «J’ai déjà écrit dans un article que c’était une des options envisageables pour financer une entité autonome qui ferait la promotion de la destination Québec sur les marchés internationaux», nous rappelait Louis Rome, ancien directeur de l’ATRAQ, organisme fédérant les associations touristiques régionales, aujourd’hui consultant et blogueur (et ancien directeur de Tourisme Gaspésie, qui a également été actionnaire de Tours Chanteclerc dans les années quatre-vingt-dix). «Depuis, il y a eu une réflexion à ce sujet et il semble que l’option soit actuellement écartée, mais connaissant le fonctionnement des instances gouvernementales, je dirais qu’elle est toujours susceptible d’être remise à l’ordre du jour.»

Monique Audet, vice-président d’Uniglobe Est du Canada.et présidente du conseil régional de l’ACTAC’est aussi l’opinion de Monique Audet, vice-président d’Uniglobe Est du Canada. Présidente du conseil régional de l’ACTA, elle siège sur le Comité consultatif de l’OPC. «Lors de la dernière réunion du Comité, qui a été convoquée le 19 mars, un sous-ministre présent a indiqué que c’était une des éventualités envisagées, mais la présidente de l’Office, Ginette Galarneau, nous a rassurés», expliquait-elle.

«Selon elle, l’argent perçu des consommateurs pour alimenter le FICAV ne sera employé que pour des actions de protection des voyageurs. Par contre, on sait qu’il y a beaucoup d’argent dans le FICAV et que c’est tentant pour un gouvernement qui cherche à récupérer tout ce qu’il y a dans les fonds de tiroirs.»

Le 30 juin dernier, le surplus cumulé dans le Fonds d’indemnisation des agents de voyages (FICAV) s’élevait à 114,5 millions $. Dans un dossier que nous avons consacré à la question, l’automne dernier, un agent de voyages nous avait déclaré, sous couvert d’anonymat :

«Aux yeux du Conseil du Trésor, aux prises avec des déficits énormes, rien ne sera plus tentant que de venir piger dans la caisse pour colmater les brèches du budget. Le gouvernement fédéral l’a fait avec l’assurance-chômage et le gouvernement du Québec l’a fait avec je ne sais plus lequel de ses organismes. J’ai bien peur que cela ne se produise avec le FICAV.»

Indicateur