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Concurrence dans le transport aérien: les recommandations du Bureau font réagir!

Le 19 juin, le Bureau de la concurrence a publié son rapport « Prêt pour le décollage : renforcer la concurrence dans le transport aérien », dans lequel il formule plusieurs recommandations destinées à favoriser une plus grande concurrence dans l’industrie du transport aérien intérieur au Canada.
Plusieurs acteurs du milieu de l’aviation ont réagi – plus ou moins favorablement selon les cas – à ce rapport, dont le Conseil national des lignes aériennes du Canada (CNLA), le Conseil des aéroports du Canada (CAC), ADM Aéroport de Montréal et Air Canada.
LIRE PLUS – Plus de concurrence dans le transport aérien: le Bureau publie ses recommandations
Un marché très concentré
Rappelons que le rapport du Bureau souligne que malgré l’arrivée récente de nouveaux transporteurs, le marché demeure fortement concentré.
Dans les principaux aéroports du pays, Air Canada et WestJet représentent ensemble entre 56 % et 78 % du trafic intérieur de passagers. Le Bureau note également que ces deux transporteurs se partagent géographiquement le marché, Air Canada dominant l’Est et WestJet, l’Ouest, ce qui limite la concurrence directe.
Trois axes d’intervention prioritaire
Le Bureau identifie trois domaines prioritaires pour favoriser la concurrence :
Intégrer la concurrence dans la politique aérienne canadienne, notamment dans les fusions entre transporteurs.
Accroître la propriété étrangère possible dans les compagnies aériennes canadiennes.
Adapter la réglementation pour mieux soutenir les régions éloignées et nordiques.
Le Bureau affirme qu’un nouvel entrant sur une liaison entraîne en moyenne une baisse de 9 % des tarifs.
Propriété étrangère : des changements proposés
Le Bureau recommande d’augmenter la limite de participation étrangère dans les transporteurs aériens canadiens, en la portant de 25 % à 49 %. Il propose aussi de permettre qu’une compagnie exclusivement intérieure soit détenue à 100 % par des intérêts étrangers, en créant une nouvelle catégorie de transporteurs, comme en Australie.
Le CNLA prône des réformes structurelles
Le Conseil national des lignes aériennes du Canada salue le fait que le rapport du Bureau reconnaît que le transport aérien est une nécessité au Canada et qu’il souligne les effets négatifs du système d’utilisateur-payeur, des frais excessifs, de règlements désuets, et du manque de soutien aux infrastructures aéroportuaires.
Toutefois, selon Jeff Morrison, PDG du CNLA, des recommandations comme l’augmentation de la propriété étrangère ou le cabotage ne répondront pas directement aux enjeux de coûts et de connectivité. « La priorité devrait être le traitement des problèmes systémiques et structurels », affirme-t-il.
À cet égard, le CNLA préconise notamment de geler les frais fédéraux, de moderniser la réglementation et d’investir dans les infrastructures pour améliorer la compétitivité du réseau…
Le CAC rejette le cabotage
Saluant également la publication du rapport, le Conseil des aéroports du Canada estime néanmoins que certaines recommandations, comme l’ouverture au cabotage, ne sont pas adaptées au contexte canadien.
« Le cabotage n’est pas la solution à la concurrence dans un pays aussi vaste et peu peuplé que le Canada. Un transporteur international ne desservira pas nos plus petites villes et nos destinations à faible trafic », affirme Monette Pasher, présidente du CAC.
Le CAC propose plutôt au gouvernement de considérer plusieurs mesures, dont la prolongation des baux des aéroports, la création d’un Fonds de connectivité régionale, le soutien aux infrastructures et la recapitalisation du Programme d’aide aux immobilisations aéroportuaires.
Le monopole Montréal-Trudeau remis en question
Au Québec, une des recommandations du Bureau retient particulièrement l’attention : la fin du monopole de l’aéroport Montréal-Trudeau sur les vols internationaux. Le Bureau suggère d’autoriser d’autres aéroports comme celui de Saint-Hubert (MET – Aéroport métropolitain de Montréal) à offrir des vols vers des destinations internationales.
Cette recommandation intervient alors que le nouveau terminal MET, construit par Porter Airlines, prévoit accueillir jusqu'à 4 millions de passagers par an. Pour l’instant, ses activités resteront régionales et canadiennes, mais ses dirigeants ont manifesté leur intérêt pour desservir également des destinations soleil.
ADM, qui exploite YUL, s’oppose à cette idée. « Perdre l’exclusivité se traduirait par une baisse de part de marché et donc par un risque accru pour les investisseurs », indique sa directrice des communications Anne-Sophie Hamel, citée par La Presse.
La publication évoque aussi des experts comme Jacques Roy (HEC Montréal) et John Gradek (Université McGill) jugeant plutôt que le contexte justifie de revoir cette exclusivité. Ils suggèrent cependant de procéder graduellement.
Air Canada dissèque les mythes et les faits
Air Canada a quant à elle publié une présentation pour contextualiser les enjeux de concurrence et de tarification dans le transport aérien canadien.
Le transporteur y réfute plusieurs idées reçues sur le manque de concurrence, affirmant que les Canadiens ont aujourd’hui plus de choix que jamais. Il soutient que le marché canadien est aussi concurrentiel qu’ailleurs et que les petits transporteurs y occupent une place croissante.
La compagnie souligne également que sa part de marché dans ses hubs est comparable à celle des grands transporteurs internationaux. Elle affirme que les prix ajustés à l’inflation ont diminué, et que les coûts élevés au Canada sont surtout dus aux taxes et frais imposés par des tiers et les gouvernements.