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Air Canada demande l'arbitrage d'Ottawa; le ministre du Travail appelle au dialogue
Par voie de communiqué, Air Canada a confirmé avoir demandé l’intervention du gouvernement fédéral éviter une perturbation majeure des opérations aériennes en cas d'échec des négociations avec ses pilotes, représentés par l’ALPA.
Air Canada fait valoir qu’après 100 jours de discussions, les négociations se trouvent maintenant dans une impasse sur la question des salaires, avec la possibilité d'une grève ou d'un lock-out dès le 18 septembre.
Pour préserver les plans de 110 000 voyageurs quotidiens et assurer la continuité des expéditions de fret, la société aérienne demande donc que le gouvernement impose un arbitrage exécutoire, conformément à l'article 107 du Code canadien du travail.
« Les plans de voyage de centaines de milliers de Canadiens sont en jeu »
« Étant donné que les pourparlers arrivent à une impasse et qu'il ne reste plus beaucoup de temps pour négocier, les plans de voyage de centaines de milliers de Canadiens sont en jeu », commente Michael Rousseau, président et chef de la direction d’Air Canada.
« Nous prenons toutes les mesures pour atténuer les répercussions, mais c'est un fait que même un bref arrêt de travail à Air Canada pourrait causer une perturbation prolongée des plans de nos clients étant donné la complexité de nos activités à l'échelle mondiale », ajoute-t-il.
Le président assure qu’Air Canada demeure déterminée à parvenir à une entente négociée avec l'ALPA, « mais si les pourparlers échouent, le gouvernement fédéral devrait se tenir prêt à intervenir avant le début de toute perturbation du transport aérien », insiste-t-il.
Le ministre du Travail rencontre les deux parties
Hier (12 septembre), le ministre du Travail, Steven MacKinnon, a rencontré les deux parties. Pour l’heure, le ministre n’a pas exprimé l’intention d’accéder à la demande d’Air Canada.
« Je suis à Toronto pour rencontrer Air Canada et les pilotes de l’ALPA. Les parties sont à la table de négociations avec le soutien des médiateurs fédéraux. C'est là qu'elles doivent rester. Il n'y a pas de raison pour que les parties ne puissent pas travailler ensemble et parvenir à un accord. Les Canadiens comptent sur eux », a-t-il déclaré sur X (ex-Twitter).
Une demande controversée
Chose sûre, la demande d’Air Canada ne fait pas l’unanimité. Certains (comme l’avocat Marc Boudreau, du cabinet Marceau & Boudreau – cité dans La Presse) estiment que si le gouvernement y accédait, cela créerait un « dangereux » précédent, susceptible de modifier la norme d’intervention en matière de conflits de travail.
D’autres (dont Annick Guérard, présidente et cheffe de la direction de Transat – également citée dans La Presse) avancent qu’en intervenant, le gouvernement favoriserait indument Air Canada, alors que ses concurrents ont dû auparavant négocier avec leurs employés sans ce type de recours.
Sur la scène politique fédérale, notons que le Parti conservateur et le NPD ont exprimé leur opposition à l'arbitrage exécutoire ou à une loi spéciale – du moins à ce stade en ce qui concerne le PC.
« Au nom de tous les membres de l’ALPA Canada, j’insiste pour que le gouvernement fédéral permette que les négociations collectives suivent leur cours, sans intervention, et autorise toute partie à un conflit de travail à rester à la table de négociation afin de faire l’effort nécessaire pour parvenir à un accord négocié librement », a tranché le commandant Tim Perry, président de l’ALPA Canada.
Les milieux d'affaires et du tourisme favorables à une intervention d'Ottawa
En revanche, plusieurs représentants d'affaires et du tourisme pressent bel et bien le gouvernement fédéral d'intervenir pour éviter une perturbation aérienne qui aurait des répercussions considérables sur l'économie canadienne et les déplacements des passagers.
● Goldy Hyder, président et chef de la direction du Conseil canadien des affaires :
« Le Canada ne peut pas se permettre une autre perturbation majeure de son réseau de transport. Une interruption de travail chez Air Canada entraînerait des répercussions sur notre économie, du tourisme en passant par les chaînes d'approvisionnement essentielles. Le gouvernement fédéral doit être prêt à intervenir si nécessaire. »
● Candace Laing, présidente et cheffe de la direction de la Chambre de commerce du Canada :
« Les Canadiens et les entreprises à travers le pays vont subir les conséquences de l'interruption de travail dans le secteur du transport aérien. Ils ne sont pas à la table des négociations et sont impuissants face aux résultats. Nous avons besoin d'une action proactive et décisive de la part de tous les acteurs et du gouvernement fédéral... »
● Karl Blackburn, PDG du Conseil du patronat du Québec :
« Nous dépendons d'un transport aérien fiable pour acheminer les marchandises, les matériaux et les personnes. Une interruption, même de courte durée, entraînerait des retards coûteux et mettrait encore plus à l'épreuve nos chaînes d'approvisionnement. Le gouvernement fédéral doit intervenir… »
● Dan Kelly, président et chef de la direction de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante :
« L'économie est déjà fragilisée par les récentes perturbations dans nos réseaux de transport. Un autre conflit de travail nuirait davantage à la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable à l'échelle mondiale. Le gouvernement doit agir rapidement pour protéger les petites entreprises du pays. »
● Andrew Siegwart, président-directeur général de la Tourism Industry Association of Ontario :
« Des milliers de Canadiens dépendent de vols pour des raisons professionnelles, médicales et personnelles essentielles. Même une brève suspension laissera de nombreuses personnes coincées et mettra davantage à l'épreuve une industrie touristique déjà en difficulté. Nous avons besoin que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership et intervienne avant qu'il ne soit trop tard. Une autre perturbation dans le secteur des transports se répercutera dans tout le pays et nuira aux entreprises, aux employés et aux voyageurs. »
À cette liste, on peut ajouter Wendy Paradis, la présidente de l’ACTA :
« Nos membres reçoivent des appels de partout au pays et du monde entier, de personnes inquiètes des perturbations potentielles de leurs voyages tant attendus ou de déplacements d’affaires essentiels. Cette incertitude menace à elle seule la croissance à long terme de notre industrie. Nous exhortons le gouvernement fédéral à agir rapidement pour soutenir une solution qui garantira la stabilité des plans de voyage et protégera la stabilité de notre secteur. »
Plans de contingence
Parallèlement, Air Canada rappelle avoir révélé, le 9 septembre, ses plans de contingence pour une suspension ordonnée des vols, si nécessaire.
Cette suspension commencerait avec un préavis de grève ou de lock-out de 72 heures, possible à partir du dimanche 15 septembre à 0 h 01 (HAE). Les annulations de vols se feraient progressivement sur une période de trois jours, avec une interruption totale des services potentiellement dès le mercredi 18 septembre à 0 h 01 (HAE). Les services d’Air Canada Express ne seraient pas affectés.
Ajout : Air Canada n'a pas (encore) commencé à annuler des vols
Air Canada avait indiqué que des perturbations pourraient commencer dès aujourd'hui (vendredi 13 septembre), y compris l'annulation de certains forfaits vacances. Cependant, Air Canada a confirmé à PAX en début de journée vendredi qu'aucun vol n'avait encore été annulé en raison d'une éventuelle grève.
« En cas d’annulation, les clients seront informés de tout changement concernant leur voyage », a écrit Peter Fitzpatrick, porte-parole de la compagnie aérienne, dans un courriel. M. Fitzpatrick a qualifié la situation d’« évolutive », indiquant qu’Air Canada est en train d’ajuster sa planification pour minimiser les perturbations.
Parallèlement, Air Canada Cargo a pour sa part cessé d'accepter certains articles, comme les animaux vivants ou les produits périssables, afin de se préparer à une éventuelle action syndicale. « Nous avons également modifié les affectations des itinéraires de certains aéronefs pour nous assurer qu'ils soient correctement positionnés pour des opérations telles que la maintenance prévue en cas de perturbation », ajoute M. Fitzpatrick.
Il y a bien eu un petit nombre d’annulations chez Air Canada aujourd’hui. Toutefois, celles-ci ne seraient pas liées aux négociations avec les pilotes et sont dues à d’autres problèmes, tels que la maintenance, a précisé Peter Fitzpatrick.