Impacts de la guerre commerciale sur l’industrie du voyage: l’ACTA fait le point

Les nouveaux tarifs douaniers imposés par les États-Unis et leurs effets sur l’industrie du voyage ont été au cœur d’une réunion virtuelle organisée jeudi (13 mars) par l’Association des agences de voyages du Canada (ACTA).

Patrice Malacort, directeur du service aux membres de l’ACTA pour le Québec, a animé la rencontre, en présence d’Avery Campbell, directeur des affaires publiques et des relations avec l’industrie de l’ACTA.

De lourdes répercussions sur le secteur du voyage

Le Canada et les États-Unis entretiennent l’une des relations commerciales et touristiques les plus importantes au monde : 76 % des exportations canadiennes destinées au marché américain, a rappelé M. Malacort. Des millions de Canadiens traversent la frontière chaque année, mais les tensions commerciales créées par les nouveaux tarifs affectent déjà ce lien.

Patrice Malacort a rappelé qu’un décret exécutif américain, entré en vigueur le 4 mars, a instauré un tarif douanier général de 25 % sur tous les biens canadiens, à l’exception des produits énergétiques, qui sont soumis à une taxe de 10 %. Bien que certains tarifs aient été temporairement suspendus pour certains produits canadiens, l’incertitude persiste.

M. Malacort a souligné que les informations concernant ces tarifs et leurs répercussions évoluent non seulement chaque jour, mais chaque minute. Il a assuré que l’équipe de l’ACTA suit de près la situation et ses impacts sur l’industrie du voyage, ainsi que sur les agences et conseillers en voyages.

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Baisse des voyages vers les États-Unis

Les nouvelles taxes semblent déjà influencer les habitudes de voyage des Canadiens. D’après des données de Statistique Canada présentées par Patrice Malacort, les voyages des Canadiens vers les États-Unis ont diminué de 14,5 % en février, avec une baisse de 23 % des voyages terrestres et de 2,5 % des voyages aériens.

Le directeur du service aux membres de l’ACTA pour le Québec a cité plusieurs sondages (Léger, Ipsos, GPS Market…) confirmant que l’intention des Canadiens d’éviter les voyages aux États-Unis.

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Il a noté que plusieurs agences constatent déjà une baisse des réservations vers les États-Unis. Néanmoins, cette tendance est partiellement compensée par une augmentation des réservations vers le Mexique ou les Caraïbes.

Cependant, les agences spécialisées dans les voyages familiaux vers les États-Unis, telles que celles offrant des séjours chez Disney ou Universal, font état d'une hausse des annulations et d'une baisse des réservations. Selon Patrice Malacort, les agences dont l’activité dépend principalement des voyages de loisirs familiaux ou les voyages en autocar vers les États-Unis sont donc particulièrement touchées.

Des conséquences économiques étendues

La guerre commerciale, si elle perdure, pourrait affecter le voyage, bien plus encore que l'actuel boycottage des voyages vers les États-Unis. Selon Patrice Malacort, la pression économique risque d’affecter la capacité globale des Canadiens à voyager.

M. Malacort a cité Marc Miller, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, qui a averti que la situation pourrait entraîner la perte d’environ un million d’emplois au Canada, soit environ 4 % de la main-d’œuvre. La baisse du PIB serait conséquente !

Patrice Malacort a mentionné que le Canada a déjà entrepris d’aider des secteurs directement touchés par les tarifs. Toutefois, aucun programme actuellement ne cible le secteur du voyage.

M. Malacort a tout de même noté que le Programme de financement des petites entreprises du Canada demeure en place, tandis que l’accessibilité au Programme de Travail partagé de l’Assurance emploi vient d’être élargie.

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Ce que fait l’ACTA

Patrice Malacort a souligné que l’ACTA travaille activement à atténuer les effets de la crise en collaborant avec le gouvernement et différents acteurs de l’industrie. L'Association est engagée sur tous les fronts, tant au Canada qu’aux États-Unis.

M. Malacort a précisé que l’ACTA maintient un dialogue régulier avec des organes clés comme le ministère des Finances et Affaires mondiales Canada afin de défendre les intérêts des conseillers en voyages. Ces échanges permettent à l’ACTA d’avoir un aperçu de la situation avant qu’elle ne fasse les manchettes et de défendre les intérêts des membres auprès des décideurs du gouvernement canadien, a-t-il expliqué.

Pour trouver des moyens d’atténuer les impacts sur le secteur du voyage, l’ACTA compte aussi sur la mobilisation de relations développées pendant la pandémie, comme la Table ronde canadienne sur le tourisme. Dans la même optique, l'Association travaille en étroite collaboration avec des partenaires américains et internationaux, comme l’ASTA (American Society of Travel Advisors), l’USTA (United States Travel Association) et la WTAAA (World Travel Agents Association Alliance).

L’ACTA cherche aussi à mettre à profit ses relations avec les fournisseurs. À cet égard, Patrice Malacort a rappelé les demandes formulées par l’ACTA pendant la pandémie, comme le paiement des commissions au moment du paiement final et la protection des commissions en cas d’annulation imputable au fournisseur.

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« Nous avons besoin de données »

L’ACTA sollicite activement la participation de ses membres pour recueillir des données sur l’impact des tarifs. Les conseillers en voyages sont ainsi invités à partager leurs tendances de ventes, les changements de réservations ainsi que le ressenti de leurs clients.

Par ailleurs, l’ACTA aimerait aussi que ses membres lui suggèrent des mesures de soutien pouvant les aider.

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Patrice Malacort a fortement insisté sur le besoin de ces données pour mieux comprendre l’impact de la situation sur les entreprises et orienter les recommandations politiques de l’ACTA. Les informations peuvent lui être transmises à pmalacort@acta.ca, ou encore à Avery Campbell, à acampbell@acta.ca.

L’ACTA a également créé un portail sur les relations entre le Canada et les États-Unis sur son site web (www.acta.ca), offrant des mises à jour en temps réel ainsi que des outils de défense.

Patrice Malacort a aussi rappelé qu’une campagne de lettres a été lancée pour faire pression sur les décideurs politiques, y compris les sénateurs américains d’États clés. Participer à cette campagne est très simple puisque des modèles de lettre se trouvent sur le portail.

En conclusion, Patrice Malacort a réaffirmé l’engagement de l’ACTA à soutenir les conseillers en voyages dans ce contexte incertain.

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