Politique en matière de cookies

Afin de vous offrir une service optimal, ce site utilise des cookies.
En utilisant notre site, vous acceptez notre utilisation des cookies. En savoir plus

Mercredi,  13 novembre 2024   22:38

Une traversée de l’Amazonie

Première partie : Une série de bateaux bizarres
03-01-2006  By: Rodolphe Lasnes
Franchir l’Amazonie du Pacifique à l’Atlantique faisait partie de mes rêves. J’avais lu de nombreux récits de voyages et d’aventures qui relataient les péripéties d’un tel parcours : les maladies, la faim ou les Indiens qui emportaient la plupart de ceux qui s’y risquaient. Heureusement, l’odyssée est nettement plus aisée maintenant et, en fait d’aventure, il suffit d’avoir le temps de prendre les nombreux bateaux qui font la navette entre les principales villes disséminées le long des fleuves.

Nous avons commencé notre périple à Iquitos au Pérou. Le port est digne d’une carte postale des années 30. Des dizaines de bateaux-barges rouillés, prenant cargo et passagers, s’alignent sur les bords du fleuve. Autour, une fourmilière de porteurs chargés de toutes sortes de marchandises s’affairent entre les camions et les bateaux, courent après une vache en fuite ou haranguent les voyageurs pour les attirer vers leur bateau. Des vendeurs crient en proposant hamacs, eau, fruits, repas complets, journaux et tout autre article enclin à intéresser les voyageurs en partance.


Pêle-mêle mobiles

Difficile de savoir avec exactitude l’heure de départ d’un bateau, encore plus quand il arrivera à destination. Notre premier trajet jusqu’à la frontiere brésilienne devait théoriquement prendre trois jours, mais le premier bateau que nous avons essayé d’embarquer était déjà parti quand nous sommes arrivés au port. Et le lendemain, nous sommes partis avec 18 heures de retard...

Les bateaux proposent à peu près tous les mêmes services, en plus ou moins bien. Le pont inférieur, ou la cale, est réservée au cargo, le pont intermédiaire aux voyageurs et, pour un petit surplus, on peut aussi rester sur le pont supérieur, plus aéré et plus éloigné de la salle des machines. Pas de sièges, pas de couchettes, chacun installe son hamac et entasse ses affaires en-dessous. Certains bateaux peuvent être très surchargés, avec les hamacs collés les uns aux autres. Il n’est pas rare d’avoir un voisin au-dessus ou en-dessous de soi. Autant dire que l’intimité est assez relative. Il existe aussi des cabines, mais plus chères et surtout plus étouffantes.

Comme pour les croisières, la nourriture est comprise. Nous avions quelques inquiétudes à ce sujet car toute l’eau utilisée sur les bateaux, tant pour les douches que pour la cuisine, provient du fleuve. Les cas de dysentrie ne sont pas rares et, la cuisine faisant fi des normes sanitaires auxquelles nous sommes habitués, nous avions prévu fruits et biscuits. Mais devant les assiettes de riz blanc, fèves et poulet bouilli, j’ai craqué - sans que mon estomac fasse de même. Il faut dire qu’avec les longues heures de voyage passées dans le hamac à lire, regarder le paysage et la vie à bord, les moments des repas sont attendus avec impatience.


3 fronteras

Nous sommes arrivés de nuit à la frontiere péruvienne. Les douaniers et le capitaine du bateau nous ont vivement conseillés de passer la nuit à bord, la zone de « tres fronteras » où le Brésil, le Pérou et la Colombie se rencontrent n’étant pas des plus sûres. Les trafics de tout genre vont bon train. Et puis cela nous fait économiser une nuit d’hôtel.

Le lendemain, la bonne nouvelle est qu’un bateau part l’après-midi même pour Manaus. La mauvaise, c’est qu’il pleut à torrent. Nous voyageons en moto-taxi, trempés, sac sur le dos dans des rues noyées sous 10 cm d’eau entre les postes frontières péruviens et brésiliens, en passant par la Colombie pour changer de l’argent.

Mais nous voilà au Brésil ! La première impression, c’est que nous allons devoir prendre des cours de portugais car nous ne comprenons pas un mot. Nous avons bel et bien la sensation d’avoir changé de pays : le bateau paraît luxueux et très propre comparé au péruvien. Il part à l’heure exacte, est équippé d’une télévision satellite, propose un bar sur le pont supérieur, un réfectoire et une cuisine impeccables. Il y a même une serveuse qui passe avec une petite clochette entre les hamacs pour annoncer les repas ! Nous n’en croyons pas nos yeux : le voyage s’annonce agréable.

Effectivement, les quatre jours passés sur ce bateau avaient des airs de croisière. Du point de vue du paysage, le fleuve est tellement large que la plupart du temps, on aperçoit seulement une bande verte à la place de l’horizon. Mais ce n’est pas grave, car l’action se passe à bord. Une véritable petite communauté s’est vite formée. Certains profitent du voyage pour vendre des petits bijoux locaux, une esthéticienne s’est occupée des ongles d’une bonne partie des passagères et les fruits achetés dans les ports desservis sont partagés. Tous les soirs, le pont supérieur se transforme en piste de danse, la bière coulant à flot sur fond de Foro brésilien.


Ne manquez pas la deuxième partie du reportage mercredi le 4 janvier: Manaus et les hasards du voyage. À suivre...

Indicateur