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Samedi,  14 juin 2025   7:00

50 ans dans l’industrie pour Gilles Robin

Grâce à lui, le statut des agents extérieurs est reconnu
13-12-2013  By: André Désiront
50 ans dans l’industrie pour Gilles Robin
Gilles Robin
Gilles Robin
En octobre dernier, Gilles Robin célébrait ses 50 ans de carrière dans l’industrie. En un demi-siècle, l’ancien propriétaire de Voyages Carbin, à Laval, a visité 124 pays, organisé les déplacements de l’équipe canadienne de hockey et de ses supporters, lors de la fameuse série Canada-URSS de 1972, été invité à la Maison Blanche par Bill Clinton et, surtout, il a contribué à officialiser le statut des agents autonomes, en tenant tête à Revenu Canada, au milieu des années 2000.

En 2004, Revenu Canada et Revenu Québec ont commencé à procéder à une série de vérifications dans plusieurs agences de Laval et de la couronne Nord de Montréal. Les deux agences du revenu contestaient le statut de «travailleur autonome» des agents extérieurs et des agents autonomes affiliés à ces détaillants. Elles réclamaient donc le paiement des contributions de l’employeur au régime des rentes, à l’assurance chômage et à la CSST pour les cinq dernières années. La somme en jeu pour les 26 travailleurs visés par les réclamations chez Voyages Carbin tournait autour de 100 000 $. Revenu Québec qui, pour sa part, réclamait  47 022 $, avait d’ailleurs saisit 55 000 $ dans le compte personnel de Gilles Robin à la Banque Scotia. Tant Revenu Québec que Revenu Canada s’appuyaient sur la Loi sur les agents de voyages (LAV) qui, à l’époque, ne reconnaissait pas le statut d’agent extérieur ni d’agent autonome, pour étayer leurs réclamations.

Défendu par l’avocate Isabel Marceau, Gilles Robin a contesté les réclamations. Après plusieurs mois de guérilla procédurière, la cause l’opposant à Revenu Canada devait être entendue par la Cour canadienne de l’impôt le 26 janvier 2006. Trois jours avant, l’agence canadienne du revenu faisait savoir à son avocate qu’elle se désistait. Revenu Québec a mis quelques mois avant de baisser les armes à son tour. Les agents concernés pouvaient, eux-aussi, respirer, puisque si Voyages Carbin avait été condamnée, eux aussi auraient dû payer les arriérés de contribution à l’assurance-chômage, notamment.

Même si elle n’a pas fait jurisprudence (parce qu’il n’y a pas eu de jugement, les deux agences du revenu s’étant désistées), la cause a permis de clarifier les notions d’agent extérieur et d’agent autonome, dont le statut est maintenant reconnu par la LAV. Elle a ouvert la porte à plusieurs agences (notamment Voyages Gaby et Voyages Aqua-Terra) qui voulaient développer des modèles d’affaires basés sur le déploiement d’un important réseau d’agents extérieurs. «Cela m’a coûté 12 000 $ en frais d’avocats, mais j’ai économisé neuf fois cette somme, puisqu’on m’en réclamait 100 000 $», dit Gilles Robin.

La série du siècle

Gilles Robin lors de la conférence sur le voyage et le tourisme convoquée en 1995 par Bill Clinton à la Maison Blanche
Gilles Robin lors de la conférence sur le voyage et le tourisme convoquée en 1995 par Bill Clinton à la Maison Blanche

Le président de Voyages Carbin avait fait ses premiers pas dans l’industrie, en 1963, chez Treasure Tours. «J’étais directeur du réceptif, ce qui m’amenait à voyager beaucoup en Europe et aux États-Unis, pour convaincre des grossistes et des agences de former des groupes pour le Canada», raconte-t-il. «Treasure Tours était alors le Transat ou le Sunwing de l’époque. Les vols nolisés étaient chose très rares. Mais, en 1972, lorsque «la série du siècle» a opposé les vedettes canadiennes de la Ligue Nationale de Hockey à l’équipe nationale soviétique, c’est à nous qu’on a fait appel pour transporter les supporters en URSS. Nous avions affrété deux DC-8 d’Air Canada et deux Iliouchine 62 pour transporter les 600 personnes qui ont fait le déplacement», raconte Gilles Robin. «Commercialement, il fallait veiller à en donner autant aux compagnies soviétiques qu’aux entreprise canadienne : c’était la condition sine qua non pour obtenir les autorisations nécessaires.»

En 1975, Treasure Tours était rachetée par le transporteur Nordair, qui est passée plus tard sous le contrôle de Canadien. La même année, Gilles Robin et son épouse, Mariette, lançaient une agence de voyages, qu’ils baptisaient «Carbin», en jouant sur la contraction des trois premières lettre du prénom de leur fille, Caroline, et des trois dernières de leur nom de famille. Gilles Robin a néanmoins continué à travailler pour Treasure Tours trois ans de plus, avant de quitter le grossiste pour s’occuper exclusivement de Voyages Carbin.

En 1995, il était choisi pour représenter l’industrie canadienne du voyage dans une conférence sur le voyage et le tourisme convoquée par le président Clinton à Washington.

«Nous étions deux Canadiens – l’autre travaillait pour un grossiste de Vancouver – parmi 150 délégués venus des États-Unis et de plusieurs pays du monde», se souvient Gilles Robin. «La conférence elle-même se tenait au Sheraton Washington, mais le 30 octobre, nous avons été invités à la Maison Blanche. C’était le soir du référendum, au Québec. Apprenant que j’étais québécois, le vice-président, Al Gore, est venu me voir en me souhaitant «Good luck!», tout en s’abstenant diplomatiquement de préciser dans quel sens allait ses souhaits.»

En 2009, Gilles Robin revendait son agence à Louise Noury, propriétaire de Carrefour du Voyages, à Rosemère et à Ste-Adèle.  Il reste actif comme agent extérieur. «Je forme et accompagne quatre groupes chaque année, dit-il. Je pars la semaine prochaine accompagner une croisière au départ de Fort Lauderdale sur le New Amsterdam. En 2014, j’accompagnerais un groupe en croisière sur la mer Noire et un autre sur la croisière transatlantique de l’Oasis of the Seas.»

À 72 ans, il continue à cumuler une centaine d’heures d’avion chaque année. En mai, il a rendez-vous, à Beijing, avec des responsables de la compagnie Koryo pour examiner la possibilité d’emmener un groupe en Corée du Nord. «Je veux aller passer trois ou quatre jours à Pyongyang, pour inspecter les infrastructures hôtelières, les possibilités de déplacement et les conditions d’accueil», dit-il. «Je suis convaincu qu’il y a, ici, un bassin de clientèle avide de découvrir des pays peu connus, mais je veux jouer pleinement mon rôle d’agent de voyages en veillant à les faire voyager dans des conditions acceptables.»

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