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Gilles Robin souligne ses 60 ans dans l’industrie

Le 15 octobre dernier, Gilles Robin a célébré ses 60 ans dans l’industrie.
Soyons clairs, l’ancien proprio de Voyages CarBin (de 1975 à 2010) n’a pas fêté son 60e anniversaire de naissance : il a aujourd’hui 82 ans !
Par conséquent, Gilles Robin a bel et bien souligné six décennies d’implication active dans le secteur du voyage. Un parcours entamé en 1963 (chez Treasure Tours) et qui se poursuit de plus belle, 60 ans plus tard !
Aujourd'hui, Gilles Robin se dit même plus occupé que jamais, à titre d’agent de voyages officiel de six résidences pour aînés (RPA).
Témoin de l’évolution de l’industrie
Au cours de ses 60 ans de carrière, Gilles Robin a accumulé 3000 heures de vol et visité 124 pays.
Il a vu l’industrie se transformer, notamment au fil des innovations technologiques. Il a aussi vu l'industrie traverser (et surmonter) d’innombrables crises...
Témoin de l’Histoire, Gilles Robin a également pu observer l’évolution des voyages, des voyageurs... et des agents de voyages !
Ponctué de nombreux faits d’armes, le long parcours de Gilles Robin dans l'industrie mérite assurément un coup d’œil – et même un coup de chapeau !
LIRE PLUS – 50 ans dans l’industrie pour Gilles Robin [2013]
PAX s'entretient avec Gilles Robin
Gilles Robin a accepté de revenir sur les moments marquants de sa carrière en répondant à quelques questions de PAX.
● Quel a été votre premier grand voyage ?
En 1960, j’ai fait mon premier voyage en Europe. Mon rêve était de vivre les Jeux olympiques de Rome, mais j’ai aussi visité plusieurs pays limitrophes. J'ai tellement apprécié cette expérience que je l'ai renouvelée avec les Jeux de Mexico en 1968 !
● Parlez-nous de vos premiers pas dans l’industrie…
Mon voyage en 1960 avait été organisé par Treasure Tours, qui à l'époque était le voyagiste numéro un. J’étais resté en contact avec eux. En 1963, alors que l’entreprise prenait de l’expansion, on m’a proposé de m’y joindre. J’ai commencé le 15 octobre de cette année-là !
Quelques mois plus tard, j’ai reçu un appel du président de Treasure Tours, au beau milieu de la nuit. Il me dit : « Nous avons un groupe de 30 personnes à Tokyo et notre guide-accompagnateur est gravement malade. Vous prenez l'avion ce soir pour le remplacer. » Ç’a été tout un baptême !
En 1967, l’année de l’Exposition universelle de Montréal, j’étais à Dorval pour accueillir les groupes provenant du bureau de Treasure Tours à Paris. L’année suivante, fort du succès de cette opération, le bureau de Montréal de Treasure Tours décide de se doter d’un département réceptif. On me charge de le développer, ce qui m’amène à faire la navette entre Montréal et Paris. À partir de 1970, je m’installe à San Francisco quand Treasure Tours décide d'établir le même genre d'organisation pour les États-Unis.
● Racontez-nous une anecdote de cette époque…
Je me souviens quand a eu lieu la « série du siècle » de hockey entre le Canada et l’URSS en 1972... Treasure Tours m’avait confié l'organisation du transport aérien pour l’équipe canadienne et ses supporteurs. Le reste était confié à Intourist – c'est à l'époque de la Guerre froide, rappelez-vous ! On a ainsi réservé 400 passagers. Mais puisque Moscou exigeait la parité, 200 ont voyagé sur Air Canada et 200 sur Aeroflot !
● Qu’est-ce qui vous a amené à fonder votre agence en 1975 ? Et en quoi se distinguait-elle ?
Cette année-là, la rumeur circulait que Treasure Tours était à vendre. D'ailleurs, ce n’était pas qu’une rumeur : Nordair a fini par en faire l’acquisition.
Heureusement, j'avais prévu le coût ! Avec mon épouse Mariette, j’ai donc fondé Voyages CarBin : Car pour notre fille Caroline et Bin pour Robin.
J’ai aussi décidé de faire les choses différemment. Par exemple, notre agence fonctionnait sur rendez-vous seulement. De plus, nous exigions des frais de dossier de 25 $.
Cette façon de faire était risquée pour l'époque… À ceux qui m'ont dit : « ça ne marchera jamais », je répliquais que les agents de voyages pouvaient agir comme les autres professionnels : si on veut rencontrer un avocat, on doit prendre un rendez-vous et des frais d'ouverture s'appliquent...
Les faits m’ont donné raison : je n'ai jamais perdu un client !
● De quels faits d’armes tirez-vous le plus de fierté ?
En 1995, j’ai fait partie de la représentation canadienne invitée par la Maison-Blanche à la première « White House Conference on Travel and Tourism ». À la fin de la conférence, j’ai rencontré le président Bill Clinton et le vice-président Al Gore !
Je tire aussi une grande fierté du fait que Voyages CarBin ait obtenu le compte commercial de la Banque Mondiale (World Bank) en 2000, à l'époque où George W. Bush était président. Ce fut une surprise générale dans l’industrie. J'ai d’ailleurs signé le protocole à Washington !
Cependant, nous avons perdu le compte en 2008, quand le président suivant, Barack Obama, a signé le décret présidentiel « Buy America Act », dans la 2e année de son mandat.
J’ai appris qu’en affaire, lorsqu’on obtient un compte commercial d'importance, il faut se rappeler que ça peut être éphémère. Je l'ai vécu !
● Hormis les grandes crises internationales (comme les attentats de septembre 2001 ou plus récemment la pandémie de COVID-19), quelle est la plus grande crise que votre agence a traversée ?
Spontanément, je répondrais « la saga des agents extérieurs ». En 2005-2006 en effet, mon agence a dû livrer une bataille épique sur cette question contre l'Agence du revenu du Canada (ARC) et Revenu Québec.
Dans Pax Nouvelles, le journaliste André Désiront a signé plusieurs textes sur ce combat… que j’ai fini par remporter ! L’un de ses textes s’intitulait d’ailleurs « Grâce à lui, le statut des agents extérieurs est reconnu »*.
● Quand et pourquoi avez-vous vendu Voyages CarBin ? Qu’avez-vous fait ensuite ?
J’ai vendu Voyages CarBin à Carrefour du Voyage en 2010. Après 35 ans, je voulais un peu plus de liberté…
Mais je voulais aussi rester actif. Je me suis donc trouvé une nouvelle niche correspondant à mon rythme : les résidences pour personnes âgées.
J'ai obtenu la confiance de mes ainés dans un nouvel environnement. Aujourd’hui, j’agis à titre d'agent de voyages officiel de six RPA !
En 2016, le président de Groupe Voyages Québec, Laurent Plourde, s’est déplacé à Montréal pour me rencontrer dans le but que nous travaillions ensemble. J'ai accepté !
● À 82 ans, vous demeurez très actif professionnellement. Songez-vous parfois à ralentir la cadence, voire à vous retirer ?
Les deux années de congé forcé de la COVID-19 ne m’ont pas plu du tout. Alors, la retraite, je n'y pense même pas !
J'ai toujours eu la passion de l'industrie... et je l’ai encore !
● Quel regard posez-vous sur l’avenir du métier d’agent de voyages ?
Je crois en l’avenir de la profession. Je sais que certains ont peur qu’on soit remplacés par la technologie. Mais je ne partage pas ce point de vue. Je crois au contraire qu’intégrer la technologie dans notre quotidien, ça contribue à assurer l’avenir des agents de voyages !
● Quels conseils pourriez-vous donner à vos collègues de l’industrie ?
Nous sommes dans une industrie qui vend un produit non palpable : nous vendons du rêve ! C'est formidable et il ne faut jamais oublier.
Mais il est tout aussi important de le faire en étant parfaitement documenté. On entend parfois dire que notre planète se rétrécit. Mais ce n’est pas le cas. Ce sont plutôt nous, les humains, qui l'avons apprivoisée en accumulant expériences et connaissances.
Il faut aussi toujours garder en tête l’objectif de fidéliser le client.
*Grâce à lui, le statut des agents extérieurs est reconnu
Extrait d’un article d’André Désiront publié dans Pax Nouvelles en 2013 concernant « La saga des agents extérieurs » qui a impliqué Voyages CarBin :
En 2004, Revenu Canada et Revenu Québec ont commencé à procéder à une série de vérifications dans plusieurs agences de Laval et de la couronne nord de Montréal. Les deux agences du revenu contestaient le statut de «travailleur autonome» des agents extérieurs et des agents autonomes affiliés à ces détaillants. Elles réclamaient donc le paiement des contributions de l’employeur au régime des rentes, à l’assurance chômage et à la CSST pour les cinq dernières années. La somme en jeu pour les 26 travailleurs visés par les réclamations chez Voyages Carbin tournait autour de 100 000 $. Revenu Québec qui, pour sa part, réclamait 47 022 $, avait d’ailleurs saisi 55 000 $ dans le compte personnel de Gilles Robin à la Banque Scotia. Tant Revenu Québec que Revenu Canada s’appuyaient sur la Loi sur les agents de voyages (LAV) qui, à l’époque, ne reconnaissait pas le statut d’agent extérieur ni d’agent autonome, pour étayer leurs réclamations.
Défendu par l’avocate Isabel Marceau, Gilles Robin a contesté les réclamations. Après plusieurs mois de guérilla procédurière, la cause l’opposant à Revenu Canada devait être entendue par la Cour canadienne de l’impôt le 26 janvier 2006. Trois jours avant, l’agence canadienne du revenu faisait savoir à son avocate qu’elle se désistait. Revenu Québec a mis quelques mois avant de baisser les armes à son tour. Les agents concernés pouvaient, eux aussi, respirer, puisque si Voyages Carbin avait été condamnée, eux aussi auraient dû payer les arriérés de contribution à l’assurance-chômage, notamment.
Même si elle n’a pas fait jurisprudence (parce qu’il n’y a pas eu de jugement, les deux agences du revenu s’étant désistées), la cause a permis de clarifier les notions d’agent extérieur et d’agent autonome, dont le statut est maintenant reconnu par la LAV. Elle a ouvert la porte à plusieurs agences (notamment Voyages Gaby et Voyages Aqua-Terra) qui voulaient développer des modèles d’affaires basés sur le déploiement d’un important réseau d’agents extérieurs. «Cela m’a coûté 12 000 $ en frais d’avocats, mais j’ai économisé neuf fois cette somme, puisqu’on m’en réclamait 100 000 $», dit Gilles Robin.
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